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Les Etats-Unis d'Europe dans la mélasse.

Publié le par Miteny

L'Europe... Quelle contrée fascinante.

Excentrique excroissance du plus massif des continents, elle est la terre d'origine des blondes aux yeux bleues, mais aussi de toutes les innovations technologiques qui ont changé la face du monde ces derniers siècles.
Depuis environ cinq cent ans, elle domine le monde. Héritière directe du gigantesque et surpuissant empire romain, entre autres, elle a su s'imposer sur toute la planète.
Les langues d'Europe occidentale, à savoir surtout l'anglais, le français, l'espagnol et le portugais, ont la main mise sur l'Amérique, l'Afrique et l'Océanie. Voire même sur l'Asie tant la langue de Shakespeare semble avoir d'influence, en Inde notamment. Le chinois et l'arabe résistent, mais ils sont si difficiles à écrire que je crains qu'ils ne perdent vite la bataille face à un alphabet latin, donc romain, qui écrase tous ses concurrents d'un pied de fer (subtile allusion à l'histoire du colosse aux pieds d'argile).
L'Europe... Centre du monde ??!
Pourquoi pas, après tout. La machine à vapeur, le train, le télégraphe, le téléphone, le vélo, l'automobile... Comme je l'expliquais dans cet article d'avril sur les découvertes du dix-neuvième siècle, toutes les grandes inventions des premières révolutions industrielles ont été faites en Europe ou par la civilisation occidentale. Et c'est bien sûr sans compter l'art et la culture, fantastiques sur ce continent.
Mais l'Europe c'est aussi la guerre. La terrible guerre, la guerre mondiale, les tranchées, les massacres, l'holocauste, les exécutions, les dizaines de millions de sacrifiés, le racisme, le nazisme. Un bien beau gâchis que tout cela. Et puis il y a l'esclavage, la colonisation, la destruction de cultures ancestrales, le saccage de l'environnement à grande échelle...
Alors ?
Alors c'est simple. Vu son histoire, notre continent a une grande responsabilité : il doit réussir à s'unir pour montrer l'exemple, pour montrer qu'il a vraiment tourné la page. Comme le dirait Zinédine Zidane, je crois que c'est important.
Hélas, ce n'est pas bien parti.
Comme le disait Bernard Guetta, fameux chroniqueur géopolitique de la matinal de France Inter, le 6 février 2013 : « L’Europe est ''une formidable idée'' mais elle hésite sur ses choix, se défend mal contre les concurrences déloyales, abandonne sa monnaie à l’irrationalité des marchés, se résigne à la faiblesse de sa croissance, à son chômage et à celui de ses jeunes. Ça va mal... »
Ou encore le 27 février : « La désunion menace l’Union et c’est dans le chaos d’un éclatement, que ses 27 pays pourraient se retrouver, beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine. »
Ou bien alors le 26 mars : « La situation devient tellement alarmante, l’austérité budgétaire ralentit tant l’activité et favorise tant une montée de la colère sociale et une radicalisation aux extrêmes qu’elle est désormais contestée de partout. »
Ou, plus récemment, le 8 mai : « Les bulletins de santé s’accumulent, toujours plus alarmants. […] L’Europe va mal mais l’intérêt que tous ses membres ont à la relancer est si fort que l’annonce de sa mort est au moins prématurée. »

En fait, nous sommes en pleine période de transition : c'est en tout cas vraiment l'impression que cela me donne. Les choses changent vite, sans que l'on sache vraiment vers quoi elles évoluent. Or il ne faudrait vraiment pas que notre continent aille jusqu'à se laisser de nouveau séduire par le côté obscur de sa force, qui est très grande.
D'où l'urgence de définir une vision commune : une vision politique, une vision du monde que les différents peuples partageraient.
Malgré tout, comme le disait Guetta, il ne me paraît pas impossible que celle-ci surgisse tant les similarités entre nos cultures sont grandes. Le problème est que nous sommes coincés par une structure administrative à laquelle nous croyons être attachés mais qui ne nous manqueraient pas tellement si nous nous en débarrassions.
Ainsi, par exemple, l'organisation des deux principaux pays de l'Union Européenne, la France et l'Allemagne, est trop complexe, trop ramifiée.
En France, il y a l'Europe, l'État, la Région, le département, l'arrondissement, le canton, la commune, etc... En Allemagne, il y a l'Europe, l'État fédéral, le Land, le district, l'arrondissement, la ville, etc... Sans compter que le parlement européen n'est pas le supérieur hiérarchique des chefs des différents États, c'est le moins qu'on puisse dire, ce qui provoque des discussions, des crises et des atermoiements qui font perdre énormément de temps et d'argent à d'énormes armées de fonctionnaires.

Ce que je propose est très simple : on efface tout et on recommence.
On supprime une bonne partie des échelons et on instaure une hiérarchie simple : Europe, Province, district/paroisse, ville/commune.
Ce qui implique que l'on supprime l'assemblée nationale, le sénat, le président de la République, le premier ministre. On ne garde que les fonctionnaires européens, l'assemblée européenne et on introduit les services provinciaux. Bonne idée, non ?
Il n'y aura plus qu'un seul chef d'État pour tout le continent : une sorte de Barack Obama d'Europe.
Ensuite, nous ne sommes pas obligés de copier les américains. On n'est pas obligé d'instaurer une République, on peut aussi faire une monarchie parlementaire.
Force est de constater qu'un président de la République élu au suffrage universel et un premier ministre nommé qui ne sert à rien comme en France, cela ressemble plus à une farce qu'à un régime politique. C'est peut-être très rentable puisque ça fait travailler les journalistes mais cela ne me paraît pas très efficace. Choisir une monarchie parlementaire de type britannique me paraît un peu plus, disons... original : le premier ministre serait chargé du gouvernement alors que le roi incarnerait l'unité européenne.
Opter pour la royauté peut paraître ringard, vieillot et stupide, mais pensons à la continuité, pensons au folklore. La présence d'un roi amènerait sans nul doute des touristes... Évidemment, le principal problème serait de trouver la famille royale dont serait issu le premier monarque : c'est à mon avis si difficile qu'il est probable que ce soit même impossible.
Peut-être le prince de Galles... Proposer à celui-ci d'être roi carrément de toute l'Europe peut être l'unique moyen de convaincre le Royaume-Uni d'intégrer sérieusement l'Union !! De plus, avec des ancêtres normands, allemands et autres, sa famille est finalement très européenne, comme je le montrais dans cet article.
Enfin bon, l'important n'est pas là. L'important c'est la Fédération Européenne des Provinces Unies, la FEPU...
Vous rêvez d'une liste ?
Pas de panique, Bibi est là.
Pour la FEPU, je propose donc :

 

europe2

 

Oui vous avez bien lu : 77 provinces pour un total de 590 millions de personnes. Une grande puissance donc !
Quelques explications sur la mise en forme du tableau :
En gras et en bleu, les noms des provinces qui ont pratiquement déjà proclamé leur indépendance.
En gras et en rouge, des provinces qui n'existent pas pour l'instant mais dont la création pourrait être considérée comme pertinente.
Les lignes surlignées en bleu clair sont des régions de langue germanique.
Les lignes surlignées en vert-jaune sont des régions de langue slave.
Les lignes surlignées en mauve pale sont des régions de langue latine.
Les autres lignes correspondent à des régions soit de langue indo-européenne mais ni germanique, ni slave, ni latine comme le grec, le gallois, l'albanais ou le lituanien soit de langue non indo-européenne comme le hongrois, le basque ou le finnois.
Quels premiers commentaires intéressants peut-on faire sur cette proposition ?
Et bien d'abord que le boulot est presque déjà fait !!
En effet, la majorité des provinces de cette liste sont actuellement indépendantes depuis peu : la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie, la Serbie, la Macédoine, la Slovaquie, etc...
D'autres le sont depuis longtemps tandis que beaucoup souhaitent rejoindre le club et obtenir une franche autonomie comme la Flandre, le Pays Basque, la Catalogne, l'Italie du nord, l’Écosse, etc...
Et que veulent toutes ces petites nations bien moins peuplées que l'Île de France si ce n'est garder une souveraineté tout en intégrant l'Europe ?!
À croire qu'ils rêvent tous de la FEPU !!!
Bien sûr, ce ne sont pas eux qui posent problème pour une réforme politique total de l'union européenne. Ils sont majoritaires mais n'arrivent pas à faire entendre leurs voix face aux ogres que sont la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Royaume Uni.
Car le plus dur dans cette affaire est bien de diviser ces grandes nations même si on peut  garder l'espoir qu'à terme il ne soit pas impossible de séparer l'Occitanie, la Bretagne, ou encore les Länder allemands déjà assez indépendants.
Comme le suggère le tableau, chaque province aura une très grande autonomie. Elle pourra choisir sa langue officielle, c'est à dire sa langue d'enseignement, émettre des monnaies locales, avoir son drapeau, etc...
Quand on voit le nombre de langues listées dans mon petit récapitulatif, on se dit qu'on a en Europe une richesse culturelle qu'il serait vraiment dommage de voir disparaître. Alors ne faisons pas comme les américains qui ne comprennent rien si on ne leur parle pas anglais. Sachons garder nos petits idiomes comme le gallois, le gaélique, le sarde, le basque, le catalan, le letton, le slovène, l'islandais... Ils sont si pittoresques... Si romantiques !!
Toutes ces provinces ne seront, je le rappelle, rien sans la FEPU avec sa banque centrale, son président ou son roi, son premier ministre européen et sa capitale fédérale, Bruxelles, la Washington de ce côté de l'Atlantique.
Certains rétorqueront qu'une entité politique ne peut pas avoir de vraie autorité si sa population parle plusieurs dizaines de langues. Pourtant, la confédération helvétique, ça fonctionne...
En outre je propose que le trilinguisme soit rendu obligatoire partout en Europe dès l'entrée à l'école primaire. Parmi les trois langues à apprendre, il y aura en tout premier lieu la langue officielle de la province mais aussi... le français !!

Pourquoi le français ?
Je vois une dizaine de bonnes raisons à cela :
1. D'abord il faut que tous les européens puissent se comprendre entre eux. C'est nécessaire. La FEPU a donc besoin de choisir une langue que tous les membres de la FEPU devront connaître.
2. Il serait dommage de prendre l'anglais, déjà maître de l'Amérique du Nord, de l'Australie, de l'Afrique du sud, de l'Inde etc... Non au monopole culturel.
3. On ne peut sérieusement pas choisir ni l'allemand... ni le lituanien. L'espagnol quant à lui est réservé à l'Amérique latine.
4. Le français était la langue véhiculaire de l'Europe il y a quelques siècles. Elle a toute légitimité à reprendre ce rôle.
5. Paris est une des trois premières villes dites ''mondiales'', avec New-York et Londres (voir ici la hiérarchie des villes mondiales). De quoi en faire la capitale culturelle de l'Europe, la capitale fédérale restant Bruxelles.
6. Le français est déjà la langue de la future capitale fédérale : Bruxelles.
7. Le français a un statut international que n'a pas l'allemand par exemple puisqu'il est en passe de devenir la langue véhiculaire de l'Afrique qui sera à l'avenir un partenaire économique toujours plus important pour l'Europe. Il faut savoir que tous les pays francophones africains, du Maroc à la RDC en passant par le Mali et en allant jusqu'à Madagascar auront 510 millions d'habitants en 2030 !
    510 millions au sud, 590 millions au nord, largement de quoi concurrencer le chinois     et l'anglais au plan mondial. En outre, n'oublions pas que la langue française a de     nombreux locuteurs en Amérique et en Océanie.
8. Le français est central en Europe, contrairement à l'espagnol, l'anglais ou le portugais. De plus, notre idiome est latin mais aussi un peu anglo-saxon tant son vocabulaire a marqué la langue de Shakespeare.

Le français, langue fédérale de la FEPU. En voilà une bonne idée !!
 

Exemples de langues apprises dès l'enfance en fonction de la province de résidence :
Irlande : les gens y apprendront forcément le gaélique et le français. Ils devront choisir une langue supplémentaire comme le chinois, l'espagnol ou le russe. Ce n'est pas parce que l'Irlande est actuellement un pays de langue anglaise qu'il faille nécessairement que cette situation perdure.
Catalogne : ce sera le catalan et le français puis pourquoi pas l'anglais ou l'espagnol.
Provinces d’Angleterre : anglais et français obligatoires, puis allemand, gallois ou autre...
Les habitants ayant le français pour langue maternelle auront un petit avantage. Ils pourront choisir leurs deux langues à apprendre comme bon leur semble : l'anglais et l'espagnol ou pourquoi pas l'arabe et le lituanien.
Bien sûr, pour que mon Europe fonctionne, pour que la FEPU fonctionne, le trilinguisme ne suffit pas. Ce qui compte, c'est de partager des valeurs communes, comme l'humanisme, l'écologie, la croissance mesurée et durable, le pacifisme : la partie la plus importante de la culture de tous ces peuples sera là.
Vu ce que nous avons fait au monde, je pense qu'il serait juste que l'on rembourse notre dette de sang, si j'ose dire, en montrant l'exemple de cette façon. Notre futur engagement pour l'unité et la décroissance responsable pourrait être vue comme un juste retour des choses, même si c'est loin de n'être que ça.
Forcément, ce sera difficile. Se défaire du nationalisme qui a tant marqué notre continent ne sera pas simple. Mais si nous y arrivons, nous pourrons servir de modèle* au monde qui ne manquera de vouloir nous imiter. Nous étendrons alors la FEPU à toute la planète !!

Et ainsi ce sera la paix sur la Terre, tout le monde s'aimera, les gens seront gentils et se feront des bisous, ce sera formidable...

 

Gros câlin à tous.


*Comme le disait Guetta dans une de ses dernières chroniques, on peut remarquer que malgré tous ses problèmes, l'union européenne exerce un grand pouvoir d'attraction sur les pays du continent qui n'en font pas encore partie. Comme quoi, tout ce que je viens de dire ici n'est peut-être pas si utopique que ça. Le monde change...
 

Publié dans Archives 2012-2014

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Et SEPT temps passeront sur toi.

Publié le par Miteny

Épisode 6 de la saga dieuexiste.com... (L'épisode précédent est ici).

« Je sais où on est. On est en Normandie... » chuchota Glandon à ses camarades. Il reçut aussitôt un coup violent de l'infâme Donosor et hurla de douleur. Les autres ne dirent mot.
L'ancien faux lieutenant de gendarmerie amena ses trois prisonniers jusqu'à une camionnette, les força à monter puis les attacha avant de les quitter. Les pauvres étaient complètement abattus.
« Il est parti ? » osa à peine demander Mitney.
« Si dans la seconde qui vient tu ne reçois pas un gros coup de poing, c'est qu'il est parti.
- On s'est fait avoir comme des bleus de l'équipe de France face à l'Espagne. On aurait jamais du dormir dans un arbre si près de notre lieu de détention.
- Donosor savait que nous étions drogués. Et donc il n'est pas allé nous chercher bien loin. Cet abruti est loin d'être un génie, mais il n'est pas idiot.
- Qu'est ce qu'il va nous arriver ?
- On va mourir. Reste à savoir dans quelles conditions et au bout de combien d'heures de torture. Personnellement, j'aimerais quitter ce monde sans avoir été estropié par une ordure comme ce géant débile.
- Juste au moment où j'allais comprendre la prophétie des sept temps. Non, je ne peux pas croire que cette histoire se termine si vite et si mal. Ce n'est pas notre destin.
- La solution est peut-être dans l'analyse des écrits de Daniel puisque justement il semblerait que notre aventure suive parfaitement la chronologie des récits du prophète.
- C'est vrai ça ! Il ne faut pas se laisser abattre... Alors où en étions nous ?
- Moi, je m'en fous de vos histoires. Je fais un somme ».
 

Rosnard s'allongea sur le sol de la camionnette mais s'aperçut qu'avec ses mains attachés, il lui était impossible de se reposer. Il se releva donc pour trouver une position certes assise mais plus confortable et ferma les yeux. Glandon commença à parler.
« Je crois que nous avions trouvé la date. Reste à comprendre ce que représente cet arbre dans le cadre de cette prophétie. Il ne peut pas seulement symboliser le roi de Babylone. Il y a forcément une autre signification.
- Bien sûr qu'il y en a une. Comme le colosse aux pieds d'argile représentait le gouvernement des nations exerçant une domination sur Israël, ce grand arbre représente, à l'opposée, le pouvoir du royaume de Dieu. C'est mon avis.
- Étrange avis, cher collègue. Vous oseriez donc assimiler Nabonide à Dieu ?
- Lorsque l'homme se comporte comme une bête, le royaume de Dieu est éloigné de la Terre et donc l'arbre qui le représente est mort. Mais lorsqu'il se comporte comme Dieu souhaiterait a priori qu'il se comporte, alors l'arbre grandit.
- Je comprends mieux votre point de vue. Le roi de Babylone serait en fait dans cette vision l'homme, l'humanité plus exactement, voire peut-être l'humanité monothéiste, qui va commencer à se repentir au bout de sept temps passés à être une bête.
- C'est tout à fait cela, cher collègue. Voilà pourquoi dans la prophétie du chapitre 4, Nabuchodonosor se repent au bout de sept ans. Quand le prophète écrit cela, il ne peut évidemment faire référence à aucun événement historique. Aucun roi babylonien n'a fait semblant de se repentir, ne serait-ce que quelques secondes. C'est absurde, il faut bien le savoir. En fait on ne peut comprendre ces versets qu'en considérant qu'il s'agit là d'une image... Cher collègue.
- Bien sûr, je vous comprends. L'arbre de la vision ne repoussera que lorsque l'humanité sera prête à accepter sincèrement le vrai Dieu.
- Voilà. De plus, remarquons que lorsqu'un arbre commence à repousser, on ne le voit presque pas. Ce qui explique pourquoi nous n'avons rien remarqué en 1975, cher collègue. Mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit là du début d'une période qui va s'avérer extraordinaire, peut-être même apocalyptique. Mais je ne veux pas en dire trop pour l'instant. J'aimerais d'abord que nous dissertions du reste du livre de Daniel, cher collègue.
- Exactement. Vous êtes vraiment excellent dans le domaine de l'interprétation des prophéties bibliques. Je vous félicite.
- N'est ce pas ? Je me trouve bon, moi aussi. Vous n'êtes pas mauvais non plus, je dois le dire, cher collègue. »


Rosnard rouvrit les yeux, l'air agacé.
« Dites donc, ce n'est pas un peu fini ces clowneries ? Cher collègue par ci, cher collègue par là... On se croirait à l'académie française. Vous n'êtes vraiment que des gamins.
- Nous discutons de choses importantes, tu devras t'en rendre compte un jour ou l'autre.
- Pour moi, ce qui est important pour l'instant, c'est de savoir où nous sommes. Tu disais qu'on était en Normandie, Robert ? C'est rigolo, nous revoilà dans notre région Mitney !
- Oui, je suis déjà venu ici il y a moins d'une semaine. Je suis parti de cet endroit pour aller à Rennes le château. Et voilà qu'on me kidnappe et qu'on me renvoie ici.
- Je ne vois qu'une explication. Il y a une semaine, tu es venu ici, tu as peut-être causé à ces gens quelque préjudice et depuis ils veulent se venger... ou récupérer leur bien. Ils t'ont donc suivi jusque dans les Corbières. Que faisais tu dans la région avant de venir nous chercher pour nous embarquer dans ton histoire sordide ? Mmm ?
- Je ne peux pas en parler, cela vous mettrait en danger.
- Et bah la voilà la couillonnade comme on dit sur la Canebière !!! Tout a une explication. Allez le petit Robert, raconte ce que tu as fait comme bêtises à tes amis. On veut savoir pourquoi on se retrouve dans cette merde, les mains attachés avec plus que quelques heures à vivre !!
- Je n'ai rien commis de répréhensible. En tout cas à mes yeux...
- Mais pas aux yeux de celui qui nous retient prisonniers. Tu le connais au moins ?
- Bien sûr puisque je suis déjà venu, je te l'ai dit. C'est un homme très puissant et particulièrement cruel.
- Ah bah c'est rassurant !! »

Tout d'un coup, la porte s'ouvrit violemment. Donosor et deux gorilles armés à peine moins massifs que le géant entrèrent dans la camionnette pour sortir manu militari les trois compagnons qui se retrouvèrent étalés dans l'allée d'une élégante propriété normande.
Relevés de force, ils furent introduits dans le salon de la riche demeure et on leur attacha les mains derrière le dos avant de les obliger à rester à genoux.
L'endroit était singulier. Il n'avait rien de normand et était parsemé d'objets antiques. Sur un des murs trônait une immense mosaïque représentant un lion sur un fond bleu. C'était là l'exact réplique d'ornements de la voie processionnelle de l'antique Babylone dont on peut voir des exemplaires au Louvre.
Il y avait également beaucoup de peintures orientalistes et notamment des copies d’œuvres majeures de Jean-Auguste-Dominique Ingres comme L'Odalisque à l'esclave et Le bain turc. En face d'eux trônait un gigantesque Delacroix : La mort de Sardanapale. L'original étant toujours au Louvre, bien entendu.
Pendant que les trois hommes de culture admiraient la richesse décorative de leur prison, Donosor sortit son arme de poing et s'approcha des prisonniers en les visant.
« J'ai envie de vous descendre. Là, maintenant. Et si je le faisais, que se passerait-il ? Vous seriez morts et moi soulagé, heureux. Certes, je me ferais sans doute engueulé... Et encore ! Peut-être que le maître me félicitera en fait... Alors pourquoi pas... »
Le psychopathe s'approcha de l'adjudant de gendarmerie. Lorsque le froid du métal du Smith&Wesson 686 vint parcourir sa nuque, Rosnard sentit sa dernière heure arrivée. Il vit toute sa vie défiler devant ses yeux : d'abord l'enfance à Romorantin-Lanthenay, au cœur de la Sologne en passant par Le Havre, la ville de François 1er, en Normandie, Fécamp puis Carcassonne. Il se souvint d'Étretat, de la plage du Tilleul, du Cachemire, de la Corse, du Mozambique. Il se rappela de toutes ses copines, de leur sourire. Il en était aux amis quand le maitre des lieux entra.
D'âge moyen, barbu, l'homme était clairement d'origine orientale. Ses yeux noirs menaçants tranchaient avec les couleurs vives de son costume excentrique. Il était accompagné d'une femme en burqa plutôt grande et fine et dont même les yeux n'étaient pas visibles.
Il fit signe à son gorille de se calmer et commença à parler avec un fort accent arabe.

« Je me présente, je m'appelle Mahdi Mountadhar. Si vous souhaitez vous adresser à moi, vous devez d'abord demander l'autorisation. Ensuite vous devrez commencer votre misérable requête par ''Votre Majesté'', ou ''Grand Guide Suprême'' ou ''Commandeur des croyants'', à votre choix. Voyez comme je suis bon et magnanime (ses hommes de main crient ''hourra'', ''hourra'').
Vous avez l'immense privilège de connaître déjà le très dévoué Nabucho Donosor, mon plus fidèle serviteur à qui j'ai permis de sacrifier son ignoble nom et son infâme prénom pour porter celui de mon ancêtre, le plus grand des rois irakiens. Entre parenthèses, obliger un homme à s'appeler Gaston Fumier, c'est une honte : la France est vraiment un pays de barbares... de barbares !!!
Enfin, voici à mes côtés, ma huitième femelle... dont le patronyme m'a échappé. »
L'homme s'approcha des trois prisonniers. Ses chaussures pointaient étrangement vers le haut et il portait un grand sabre à la ceinture. Il faisait penser à Iznogoud, le vizir qui veut être calife à la place du calife. Il regarda Mitney et parla.
« Mon lieutenant m'a parlé de tes connaissances. Il est dommage que tu fricotes avec une saloperie d'américain, tu serais très utile dans mon équipe. Sache que je déteste les américains. J'ai envie de tous les tuer. Ce sont des êtres lâches et mauvais. Ils sont la vermine du monde. Surtout celui-là, qui est un voleur !
J'ai appris que ce chien avait blessé deux de mes hommes pour une sombre histoire de frites tombées parterre. L'un d'entre eux est entre la vie et la mort. Je le jure devant Dieu : il paiera cher cette ignominie. Je lui ferai manger ses intestins* avant de l'achever à la petite cuillère !! »


Juste après ces paroles, il cracha sur Glandon puis reprit son discours.
« Que penses tu de ma proposition ? Je te laisse la vie sauve si tu reconnais que je suis le seul et unique Mahdi. Je te demanderai simplement d'achever ce chacal d'une balle dans la tête après que je l'aie torturé. Sache que je suis riche et puissant. J'ai beaucoup de puits de pétrole en Irak. C'est un marché honnête, non ? Réponds.
- Votre Majesté, c'est trop d'honneur que vous me faites. Vous êtes si grand et moi si petit.
- (en giflant Mitney)... Tu oses te moquer de moi, chameau de français ?!! Tu crois avoir à faire à qui ? (en hurlant) Je parle sept langues couramment, je sais jouer du violon et de la flûte à bec et c'est comme cela que tu me parles ??
Je suis né à Bassorah, moi, j'ai fait la guerre, moi, j'ai connu personnellement Moqtada al Sadr, moi. Je ne suis pas une tafiole comme toi. ... Tu vas voir de quel bois je me chauffe, méprisable fiente... (il sort son sabre)... Hé, hé, hé, hé... Tu vas assister à un de mes loisirs favoris. »
Le visage du fou s'illumina d'un sourire démoniaque. D'un petit signe de la tête, il ordonna à Donosor de se saisir du bras de Rosnard pour l'obliger à mettre la main sur la table.

 

La suite le mois prochain.

* Remarquons qu'il doit être très difficile de digérer ses propres intestins.

 

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Publié dans Le roman de DANIEL

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