Bon, alors, je continue quand même ma saga…
(Episode précédent).
Vatican, juin 2011.
« Place, place ! »
Les esclaves demandaient qu’on leur laisse le passage. Les invités arrêtèrent leurs activités inavouables pour permettre au formidable gâteau en forme de champignon atomique d’accéder à la table. Les jeunes filles entièrement nues qui servaient le maître des lieux s’inclinèrent devant l’empereur et déposèrent l’immense pâtisserie à l’endroit convenu.
« Mes amis, asseyez vous… nous allons enfin pouvoir procéder au sacrifice » ordonna le vieillard aux yeux rouges.
« Super ! » s’exclama le rabbin.
« Amenez la chair fraiche » demanda le cardinal.
Des êtres habillés tout en rouge apportèrent alors un enfant qui criait et pleurait. Moïse proposa qu’on le crucifie, ce qui fit rire celui qui se faisait appeler « Jésus ». Le troisième larron apporta les clous et le marteau.
Les cris de douleur du pauvre enfant auraient pétrifié d’horreur n’importe quel être humain normalement constitué mais ils amusaient l’empereur : il riait aux éclats. Je ne peux décrire l’insoutenable torture que subit alors l’innocente victime mais ce qu’il faut savoir c’est que cinq minutes plus tard, l’empereur se délectait de sang frais de jeune humain.
« Hourra ! Hourra ! » crièrent les sous-fifres de la bête quand celle-ci avala sa première gorgée. C’était le signe attendu : la fête pouvait commencer.
Les trois religieux se jetèrent alors dans la chantilly, tout en ôtant leurs déguisements. Pendant qu’ils nageaient tout nu dans la crème anglaise, les esclaves qui avaient apporté le gâteau revinrent dans le seul but d’assouvir les plus bas instincts des trois « hommes ». Encore une fois, la bienséance m’interdit de décrire convenablement la scène…
Deux heures plus tard, alors que l’orgie continuait de plus belle, un individu plutôt grand, habillé tout en noir, entra dans la pièce. Il se dirigea vers l’empereur et lui dit avec un accent ridicule : « Nous venons juste d’attraper un type qui voulait le parchemin qu’on a acheté à Saunière ».
Le serviteur de Satan éclata aussitôt d’un rire sinistre. Il leva le bras pour signifier aux autres qu’il fallait qu’ils interrompent ce qu’ils étaient en train de faire. Cela ennuya particulièrement le cardinal qui était en train de se faire laver dans un bain de champagne à la fraise.
« J’en ai une bonne à vous raconter. Mais avant je veux vous présenter Stéphane, un tueur très efficace. Je viens de le recruter. Ne faites pas attention à sa façon de parler singulièrement comique, il est québécois. Par contre n’essayez pas de discuter avec lui, il est très con… Jamais vu ça… c’est phénoménal. »
Stéphane s’inclina en signe de salut. Devant le spectacle dégradant qui s’offrait à lui, il eut un sourire particulièrement cynique. Il aurait aimé participer à la fête, mais il avait d’autres humains à fouetter.
« Il parait qu’il y a un con qu’est venu se jeter dans la gueule du loup. Il a demandé à notre bon ami « what else ! » le parchemin que cet abruti de Saunière nous a refourgué » ajouta l’empereur, complètement ivre de sang humain.
« Torturons le et coupons lui la tête ! » répondit aussitôt le cardinal. Les yeux de Stéphane brillèrent. L’idée d’infliger les pires supplices à quelqu’un ne pouvait que le ravir. Et il s’y connaissait en torture, le bougre !
« Attendez ! » coupa l’imam.
« Et si nous allions le voir dans son cachot, histoire de rigoler ?? »
Stéphane montra ses dents de vampire, signe qu’il acquiesçait. Comme le rabbin était déjà en train de se rhabiller, le cardinal se leva de mauvaise grâce et dit que, puisque c’était comme ça, il fallait qu’on lui fasse couler un nouveau bain, mais de lait d’ânesse cette fois. Il ordonna que des servantes restent en apnée dans la baignoire. Qu’elles puissent respirer ou pas n’était pas son problème.
Alors que l’empereur indiqua qu’il préférait rester (il se déplaçait très peu), ses trois seconds accompagnèrent le tueur fraichement recruté vers les bas-fonds du Vatican. Glandon était incarcéré dans l’endroit le plus humide et le plus malsain de ces geôles moyenâgeuses, où il était si facile d’attraper le typhus, la peste et le choléra.
Devant le cachot du pauvre homme, il y avait un seau. Stéphane précisa le contenu du récipient : « Pour passer le temps, j’ai découpé le pied de son ami à la petite cuillère. J’avais une après-midi à tuer. »
« L’empereur a le chic pour recruter les individus les plus fourbes et les plus cruels. Quel génie ! » pensa le cardinal. Les trois religieux ouvrirent la cage du pauvre professeur et lui lancèrent le seau en disant d’un ton moqueur : « Tiens, voilà la tête de ton pote ! »
Puis, tout en riant aux éclats, ils remontèrent à l’étage. En marchant, le rabbin demanda qui était vraiment ce type là.
« Un historien des religions parait-il… J’aime bien les intellectuels. Ça couine plus quand on leur scie les orteils….areughhe… » répondit Stéphane, tout en ponctuant ses propos de râles de plaisir.
« Si c’est un professeur, peut-être pourra-t-il nous aider à déchiffrer le parchemin. Il contient sans doute des informations importantes. Il date tout de même du troisième siècle. Ce n’est pas parce nous n’y sommes pas arrivés que lui n’y arrivera pas. On ne sait jamais ! » répliqua l’imam, le seul à avoir encore un peu la tête sur les épaules. Il faut dire qu’il n’avait pas bu trois litres de champagne à la fraise, lui…
« Il faut demander au chef » ajouta le cardinal titubant.
Stéphane fronça les sourcils. Peut-être allait-on l’empêcher d’occire à sa guise. Il ne supportait pas de devoir se retenir, lui qui avait tant envie de se défouler. Il se promenait toujours avec une énorme tenaille toute rouillée et tachée de sang : en effet il était si vicieux qu’en plus, il espérait refiler le tétanos aux pauvres gens qu’il maltraitait. Tous ses gestes reflétaient une personnalité de psychopathe.
Juste un exemple : quand il écoutait ses collègues parler, en même temps, il caressait son instrument de torture favori, les yeux dans le vide…
Une fois de nouveau devant l’horrible chef de cette lamentable organisation dévouée au mal, lequel était encore de se réjouir d’une séance de torture, les méprisables individus qui se faisaient passer pour des religieux dans le civil, lui posèrent la question.
« Oh ! Après tout, si vous voulez. Je laisse à Stéphane deux semaines pour le faire parler. Si après tout ce temps, il ne trouve pas, qu’il découpe ce débile en huit morceaux. S’il trouve, on se contentera de deux morceaux. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! » répondit l’empereur, d’humeur joyeuse. Son rire était si glacial que la température de la pièce baissa de deux degrés.
Pas tellement satisfait, Stéphane repartit sur le champ, sans dire un mot. Dans sa main gauche le parchemin et dans l’autre, son jouet préféré qu’il faisait régulièrement claquer simplement parce qu’il appréciait tout particulièrement le son de la tenaille qui se referme brutalement…
Glandon allait en chier…
A SUIVRE (peut-être)….