Le grand arbre scellé.
Épisode 5 de la saga dieuexiste.com... (L'épisode précédent est ici).
Il faisait encore nuit lorsque Rosnard sortit de son sommeil. Il avait très mal partout parce que de nombreuses petites branches lui rentraient dans la peau depuis assez longtemps. En outre, des fourmis étaient entrés dans son jean. Il était si mal installé qu'il n'aurait évidemment pas pu dormir sans l'action encore visible de la puissante drogue que lui avait injecté Donosor. Il regarda autour de lui : ils étaient dans un petit bois, et tout près, il y avait un village. Il secoua son ami Mitney, lequel eut quelques difficultés à ouvrir les yeux.
« Mais pourquoi me réveilles tu ? Je suis très fatigué... » maugréa le rhédésien d'adoption.
Glandon sursauta. Il était encore stressé par les aventures qu'il venait de vivre.
« Nous dormons depuis combien de temps ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, mais il fait encore bien nuit. Regardez les étoiles, c'est magnifique ! Vous avez bien pioncé ? Parce que moi, moyen...
- Je viens de faire un rêve extraordinaire. Je crois que c'est un rêve prémonitoire ou inspiré, je ne sais pas, mais un truc comme ça ne m'était jamais arrivé.
- Raconte !
- Bon, je raconte alors. »
Robert Glandon changea de position dans l'espoir vain d'être mieux installé.
« J'ai rêvé que j'étais dans un arbre ni trop gros ni trop petit. Jusque là, rien d'extraordinaire... Quand j'en suis descendu, j'ai vu sur son tronc une date et un nom que je n'arrivais pas à lire. Il était entouré d'une chaîne assez rouillée qui avait été brisée et qui donc gisait sur le sol. C'est alors qu'un homme plutôt petit doté d'une très longue barbe blanche et habillé en imam est apparu. Il te ressemblait un peu, Mitney.
Il m'a dit que la date que je n'arrivais pas à lire était la date à laquelle la chaîne avait été rompue et que le nom à côté était celui du messie et qu'il me fallait à tout prix le déchiffrer.
Alors je me suis concentré. J'ai réfléchi, réfléchi... Et lorsque j'ai réussi à lire le nom, j'ai eu la vision d'un individu dont la gloire surpassait celle de tous les hommes ayant déjà vécu sur Terre. C'était très impressionnant. Puis je me suis réveillé.
- Ça alors ! Quelle coïncidence extraordinaire ! C'est fabuleux ! Moi je vous dis qu'ici, entre nous trois, il se passe quelque chose.
- Tu fais ce que tu veux, mais moi, je ne mange pas de ce pain là, précisa Rosnard.
- Ah ah... Très drôle. Non mais ne voyez vous pas ce que nous sommes en train de vivre ?? Tout simplement les chapitres du livre de Daniel. Et oui, messieurs ! Les fruits et légumes, le colosse aux pieds d'argile qui s'appelle Donosor, la fournaise... Et maintenant le rêve du grand arbre. Cela ne peut pas être un hasard. C'est donc un signe ! Un signe, mes amis !!
- C'est quoi cette histoire de fruits et légumes ?
- Avant que tu n'arrives, Rosnard, nous avons eu une discussion sur les légumes en rapport avec le premier chapitre du livre de Daniel... Bon je suis d'accord, dit comme ça, ce n'est pas très impressionnant. Mais la suite des aventures que nous avons eu ensemble correspond parfaitement aux chapitres du prophète.
- Daniel rêve d'un grand arbre dans le chapitre 4 ?
- Pas exactement. C'est encore Nabuchodonosor qui rêve et Daniel qui interprète. Mais son rêve ressemble vraiment au tien, Glandon. Dans son songe, il y a un grand arbre, majestueux. Mais qui est coupé et dont les racines sont enchaînées pendant sept temps.
- C'est quoi un temps ?
- Une année dite ''normale'' du calendrier juif est composé de 360 jours. Voilà pourquoi, dans la Bible un temps correspond à 360 jours prophétiques, c'est à dire à 360 ans. Inutile de faire le calcul, je l'ai évidemment fait depuis longtemps : sept temps sont en réalité 2520 ans.
- C'est à partir de ces considérations vaseuses que tu fais tes calculs pourris ! coupa Rosnard, visiblement allergique à ce type de discussion.
- Mais ce ne sont pas des calculs pourris, tu me gonfles à la fin ! Un temps, c'est vraiment 360 jours, c'est écrit noir sur blanc. Et si tu sais multiplier par sept, tu tomberas sur 2520. Ensuite quand à une date tu ajoutes une durée, tu tombes sur une autre date. C'est tout simple. Là on a la durée, il ne reste qu'à avoir la date de début pour avoir la date de fin.
- N'importe quoi !!
- Tu contestes que quand à une date tu ajoutes une durée, tu tombes sur une autre date ?
- Et comment l'avoir, cette date de début ? interrompit Glandon, très intéressé.
- Il suffit de lire la suite du chapitre 4, quand Daniel explique que l'abattage de l'arbre correspond au moment où le grand roi va décider de quitter, sans raison apparente, son royaume pour vivre isolé dans la nature, plus ou moins comme un animal.
- C'est possible ?
- Oui, c'est une sorte de maladie mentale. Et figurez vous que les historiens spécialistes de cette période de l'antiquité nous disent que cette mésaventure est effectivement arrivée à un grand roi babylonien du nom de Nabonide. Incroyable, non ?
- Pas tant que ça parce que là tu nous parles de Nabuchodonosor quand même... Il y a un petit problème.
- Oui, c'est vrai, il y a des erreurs dans la Bible. Il est écrit que Belschatsar était le fils de Nabuchodonosor alors qu'on sait que c'est faux. Il était le fils de Nabonide. Et ce n'est qu'un exemple des multiples imprécisions que l'on trouve dans ce livre soi-disant sacré. Mais que cela ne nous empêche pas de prendre en compte ce fait historique et de le mettre en rapport avec cette prophétie. Car si cette dernière doit avoir une date de début, il ne peut s'agir que du jour où Nabonide, qui était également un des grands rois de Babylone, est devenu fou. C'est l'évènement qui se rapproche le plus de ce que Daniel raconte.
- Et c'était quand ?
- Vers 546 avant JC, soit sept ans justement avant la fin du grand royaume de Babylone, en 539 avant JC, lorsque les perses ont pris la capitale. Sept ans, sept temps, on s'y retrouve... Ce qui donne pour notre prophétie 1975. Si vous voulez faire vous même le calcul, n'oubliez pas qu'il faut rajouter 1 car le calendrier ne comporte pas d'année 0. On passe directement de l'année ''moins un'' à l'année ''plus un''.
- 1975 !?! Mais c'est incroyable, c'est la date que j'ai vu dans mon rêve. Extraordinaire ! Je m'en souviens très bien maintenant. Je n'arrivai plus à m'en rappeler à mon réveil, mais maintenant que tu en parles, elle me revient parfaitement. Aussi clairement que possible. Vraiment, je sens que je vais pleurer tellement c'est bouleversant.
- Heu... Il ne s'est rien passé en 1975, bande d'illuminés. Et puis d'ailleurs, vous vous attendiez à quoi ? Au retour de Nabo-truc ? À l'arrivé d'un nabot au pouvoir ? Pas de bol pour vous, ça s'est passé en 2007. Ah ! Ah ! Qu'est-ce que je suis drôle !! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! »
Glandon, passablement excédé par les moqueries de Rosnard alors qu'il était lui en plein éveil spirituel, proposa à ses compagnons de faire comme le singe, à savoir descendre de l'arbre. En effet, le jour commençait très timidement à se lever et il ne s'agissait pas de se faire reprendre.
Tant bien que mal, ils réussirent à franchir les quelques branches qui les séparaient du sol. Tout en s'exécutant, Glandon tenta de deviner où ils se trouvaient en regardant autour de lui et eut soudain un étrange sentiment de familiarité. Il était déjà venu ici, il en fut tout à coup persuadé. Il était déjà passé par ce chemin très récemment, il avait déjà observé ces arbres... Il comprit assez vite que Donosor l'avait ramené sur les lieux de son exploit à la Arsène Lupin.
Hélas, il n'eut pas le temps de rapporter ses impressions à ses camarades, car l'infâme géant les attendait en bas. Les trois hommes ne s'étaient pas remis de leurs acrobaties que déjà le fou sortait de sa cachette pour pointer son arme sur eux.
Son visage était déformé par la rage. Il était accompagné de deux hommes, dont l'un avait le genou blessé. Robert Glandon reconnut immédiatement l'individu sur lequel il avait tiré dans la cuisine de Mitney.
« Je vous abattrai bien là, comme des rats que vous êtes ! » hurla Donosor, une fois la surprise des évadés passée.
« Vous avez une sacrée chance, car mon maître a changé ses plans à votre sujet dès qu'il a appris que vous étiez trois. Suivez moi et ne faites pas d'histoire car je n'hésiterai pas à tirer dans les jambes, bande de j... »
Donosor, un être en réalité frustre et stupide, s'arrêta au dernier moment. Il savait qu'il ne fallait pas qu'il en révèle trop sur l'identité de son organisation, financée par un puissant pays étranger. Mais parfois il ne pouvait empêcher sa bêtise de prendre le dessus. Les malheureux compagnons échangèrent quelques regards décontenancés puis baissèrent la tête avant d'emboiter le pas de leur bourreau.
Ils n'avaient pas eu le temps de penser à inspecter le tronc de l'arbre dans lequel ils avaient dormi quelques heures. Pourtant... Un nom y était gravé !!!
La suite de cette histoire palpitante le mois prochain !