Un lien métaphysique bien caché.
Avec ce billet, je débute la petite série d'articles sur le messie que j'avais promise le 8 janvier.
Si cette suite de réflexions se veut être le prolongement de la grande série d'articles sur Dieu que j'avais proposée en 2012 et dont le dernier représentant se trouve ici, l'article d'aujourd'hui ne va pas reprendre la suite de celui du 25 décembre, mais de celui du 4 décembre dans lequel j'évoquais la forte possibilité que les liens métaphysiques reliant chaque corps à ''la Substance'' soient tous différents.
Cette affirmation est suffisamment intrigante pour que je m'attarde un peu plus sur la question. Car après tout, j'en sais bien peu sur ce trop mystérieux lien...
Première interrogation essentielle : comment sait-on qu'un lien métaphysique existe ? Quels sont les moyens de prouver sa ''réalité'' ?
Tout d'abord, il faut bien se rappeler que chaque lien ne peut être détecté que par une et une seule personne car il est comme les qualia : privé. Chaque lien n'existe que dans une et une seule réalité tant et si bien que les autres ne pourront jamais avoir de preuve irréfutable que telle ou telle personne est bien reliée métaphysiquement à la Substance.
Prenons le cas de quelqu'un incapable de comprendre l'insuffisance du corps, c'est à dire totalement incapable de voir son propre lien métaphysique. L'exemple typique : cet abruti de ''Justicier'', qui a depuis longtemps été viré manu militari de ce blog.
Je rappelle qu'il serait le seul à pouvoir observer, ''voir'', son lien métaphysique : donc s'il nie son existence avec sincérité, c'est qu'il ne le ''voit'' pas.
Il faut bien comprendre que le lien métaphysique est de nature vraiment très particulière. Il ne se détecte par quelque instrument de mesure scientifique, ni même par quelque sens comme le toucher, la vue, l'ouïe... Il se ''détecte'' par l'intellect, la compréhension, la méditation, la transcendance. Bref presque uniquement par le langage.
Si donc un individu n'arrive pas à appréhender le fait qu'il est relié à ce que j'ai appelé la Substance, alors on pourrait presque affirmer que son lien n'existe pas. En effet, on peut établir les relations suivantes :
Preuve de l'existence du lien métaphysique au niveau d'un corps = détection du dit lien par l'individu qui a ce corps, et uniquement par lui.
Détection du dit lien par l'individu qui a ce corps, et uniquement par lui = cette personne comprend sincèrement et admet l'insuffisance du corps.
Ces deux équations sont claires et nettes. Elles aboutissent à un résultat étonnant : celui qui ne comprend pas l'insuffisance du corps n'est pas relié à Dieu. (1)
On peut aussi prendre cette équivalence dans l'autre sens : celui qui n'est pas relié à Dieu ne comprend pas l'insuffisance du corps. (2)
Cela expliquerait pourquoi je rencontre tant de gens qui semblent totalement démunis face à une évidence pourtant très simple. Ils comprennent souvent des choses complexes dans des tas de domaines, mais dès qu'il s'agit de l'insuffisance du corps, ils deviennent plus stupides que des hamsters. Peut-être que cette incompréhension proprement surréaliste s'explique en fait par la relation (2) : ils ne seraient pas reliés à Dieu. Ainsi, ils seraient presque physiologiquement incapables du moindre raisonnement transcendant.
C'est une hypothèse à envisager tant leurs réactions sont étonnantes. Et que j'avais déjà envisagée d'ailleurs... dans cet article.
Alors bien sûr, tout espoir n'est pas perdu. Même chez le plus farouche opposant, il y a une ''trace'' de lien métaphysique qui va lui permettre d'accéder au chemin qui mène à la lumière, s'il le souhaite, ou si les circonstances lui permettent d'émerger de l'obscurité crasse dans laquelle il s'est lamentablement vautré.
D'ailleurs, s'il n'y avait pas cette ''trace'', il serait incapable de ressentir la moindre douleur ou le moindre plaisir puisque ces sensations dépendent directement de l'existence du fameux lien. Il pourrait donc être susceptible un jour de comprendre la différence entre douleur et absence de douleur, même si, hélas, rien n'est moins sûr...
Prenons maintenant un autre exemple : une personne pour qui l'insuffisance du corps est une énorme évidence, plus grande et plus visible que l'existence du soleil.
On peut affirmer sans se tromper que chez cette personne, le lien métaphysique est ÉNORME, imposant, ventripotent. Il prend tellement de place que la personne en question ne voit pas grand chose d'autre. Elle attend même avec une impatience insupportable le jour où l'existence de ce lien sera révélée au monde entier.
Les deux exemples que j'ai pris sont extrêmes. Mais ils illustrent bien à quel point la nature et l'intensité de cette ''jonction'' métaphysique peuvent être diverses et variées. De quasiment inexistant chez certains à très fort chez d'autres, le lien qui relie chaque corps à Dieu ne doit pas du tout être considéré comme quelque chose de figé, d'immuable et d'identique pour tout le monde.
J'ai eu par le passé tendance à faire cette erreur mais la rédaction de l'article du 4 décembre 2012 m'a ouvert les yeux. Le lien métaphysique n'est pas juste une ficelle, une écriture ou un petit mot : c'est quelque chose qui peut être très riche, très intense et très fort, surtout chez les personnes qui savent se transcender.
Il peut même sans doute varier au cours de la vie d'une même personne. En effet, puisque son intensité peut être considérée comme proportionnelle à la clarté des idées de la personne concernée, on peut dire que si cette dernière réussit, par la méditation et la réflexion, à comprendre davantage de choses, elle verra son lien métaphysique se renforcer.
Alors bien sûr, si la personne part de très bas, elle ne pourra jamais atteindre le niveau de ceux qui ont depuis bébé un lien métaphysique puissant. C'est comme pour la course à pied : si on est gros avec de petites jambes, on n'arrivera jamais à courir aussi vite qu'un éthiopien entraîné à ce sport depuis sa plus tendre enfance, et cela même si on fait tous les efforts possibles. Je sais de quoi je parle...
Je crains donc que certains ne restent à jamais ''aveugles'', comme ce fou de ''Justicier''. Et malgré toute ma bonne volonté, je ne pourrai jamais leur apprendre à être tellement plus que des animaux qui parlent...
En tout cas, si ce que je dis a un sens - et ça en a, je le crois - alors il est important de ''travailler'' son lien métaphysique en comprenant de mieux en mieux le monde dans lequel nous sommes. Voilà à mon avis, la meilleure façon de se rapprocher de Dieu...
Et voilà pourquoi il faut devenir miteniste.
Humblement vôtre.