666, le trio infernal (épisode 2).
Et oui, j’ose continuer la saga du vendredi.
Les sous-sols du Vatican, mai 2011.
La réunion avait commencé depuis cinq minutes lorsque le prélat entra dans la pièce. Pourtant cardinal de son Etat, il s’excusa longuement de son retard.
Il faut dire que le maître de cérémonie en imposait : installé sur un gros fauteuil en hauteur, vêtu d’une grande robe noire avec capuche, le visage de l’énigmatique personnage était caché. On ne pouvait d’ailleurs voir ni ses mains ni ses pieds et généralement, il inspirait l’effroi. Derrière lui, sur le mur, un énorme 666 était inscrit en lettres de sang…
Autour de la table, assistants à la réunion, il y avait aussi un grand rabbin et un imam. A eux trois, avec le cardinal, ils tenaient le monde. Surtout depuis que leur organisation (nommée 666) avait recruté un membre du parti communiste chinois et un banquier américain de très haut niveau mais qui aujourd’hui, n’étaient pas présents.
Tous étaient donc aux ordres du mec en robe noire qu’on surnommait « l’empereur » (du fait de sa ressemblance avec l’empereur du film « le retour du Jedi »). Beaucoup de rumeurs circulaient à son sujet : ceux qui le connaissaient, c'est-à-dire les membres de l’organisation, disaient qu’il n’était pas humain, qu’il était âgé de plusieurs centaines d’années ou bien qu’il pouvait changer n’importe quoi en or ou en diamants. D’autres soupçonnaient Benoît XVI et l’empereur d’être une seule et même personne.
Une chose était certaine : il se nourrissait exclusivement de sang frais humain. Surtout du sang d’innocent. Il lui fallait donc des victimes jeunes. Peu importe l’état de santé : c’est la pureté de l’âme qui comptait avant tout.
Pour se fournir en matière première, il avait besoin que le monde soit toujours plus ou moins en guerre. Il fallait que l’obscurantisme règne sur l’humanité. C’est logique : si on éduque les gens, on les sort de leur misère et… plus moyen de se fournir !
Or il consommait énormément.
Pour que la bêtise continue à régner sur le monde, il se servait des religions, mais pas seulement. Il méprisait particulièrement les prophètes et prenait un malin plaisir à nommer ses trois subordonnés, Jésus, Moïse et Mahomet, histoire de se moquer de l’échec de ces hommes qui s’étaient battus (plus ou moins maladroitement) pour faire de ce monde un monde meilleur[1].
L’imam, qui donc ici était surnommé Mahomet, prit la parole. Dans le civil, il était un ayatollah iranien très respecté. Il connaissait personnellement Mahmoud A.
« Alors, tire au flanc, qu’est ce que tu étais en train de faire comme saloperie pour être en retard comme ça ? »
Le cardinal eut un sourire sadique. Américain, grand, gros, républicain et membre occasionnel du KK, il était à lui seul une véritable caricature. Il était un intime de la famille Bush et était lui aussi très honoré dans son pays en tant que membre éminent de l’église. Mais en réalité, il était lâche et ne s’intéressait vraiment qu’à l’argent et la perversion. La seule phrase qu’il avait retenu de la Bible était « laissez venir à moi les petits enfants ».
Le rabbin lâcha un rire gras puis enchaîna.
« Dites donc, c’est pas tout ça, mais moi, faut que je retourne en Israël. J’ai des maisons palestiniennes à faire sauter. En plus, j’ai une réunion très importante sur l’opération RT ».
« Ah oui ? Ça avance ? » interrogea l’empereur d’une voix lente et aussi grésillante que celle d’une vieille sorcière qu’on aurait laissé tremper dans l’acide pendant des siècles.
C’était la première fois qu’il parlait : dès que c’était important, il se réveillait. Et quand il s’agissait d’évènements capables de provoquer la troisième guerre mondiale, ça l’excitait. Le temps de la seconde guerre mondiale avait été un très bon souvenir pour lui. A l’époque, il avait moins de religieux dans son équipe, mais ça marchait fort quand même.
Mahomet se réjouit « C’est sûr que si cette opération est lancée, c’est la guerre. Super génial ! Je vais continuer à motiver Mahmoud. Il aura bientôt la bombe, je peux vous l’assurer… Et puis, j’oublie pas mes petits kamikazes… Ah Ah Ah … la fille qui s’est fait exploser les seins sur le Paris-New York l’année dernière, c’était moi ! Ah Ah Ah !! »
« Et moi je fais quoi ? » coupa le cardinal.
« Comme d’habitude : faites du mormon, diabolisez le musulman… C’est très bon pour mes affaires tout ça… Du dogme, du dogme, des sectes à la con, c’est ça qui nous nourrit. En tout cas, c’est ça qui m’a toujours nourri, même quand je friquotais avec les cocos. » répondit l’empereur de son insupportable voix.
Le juif orthodoxe intervint de nouveau.
« Je crois surtout qu’il ne faut pas être intelligent. Lutter contre les gens qui veulent réfléchir ou qui se posent trop de questions, c’est notre devise. Chacun a sa croyance, laquelle constitue son identité. Et son identité, il faut la défendre jusqu’à la mort. Voilà ce que l’on doit répéter tout le temps !
Dès qu’on critique votre croyance, indignez-vous. Intentez un procès ! Ne supportez surtout pas la caricature…. En plus, moi, dans le civil, je balance de la « terre promise » à tout va. Du texte sacré le matin, du texte sacré le midi, du texte sacré le soir…. Énervez-vous si quelqu’un veut comprendre avant de croire ! Dites lui qu’il finira en enfer ! Merde, il y a des limites ! ».
« Génial » ajouta l’empereur.
« Mouarf ! Et tous ces crétins se laissent faire ! Ils sont tellement bêtes qu’ils ne voient même pas quand on les manipule. C’est trop drôle ! » s’exclama le prélat.
L’empereur éclata d’un rire sadique et glaçant. La connerie, il adorait ça. Certains disaient même qu’il avait été engendré par la bêtise humaine, un peu comme Anakin Skywalker dont on dit qu’il aurait été engendré par la Force.
Il se pencha pour ouvrir un gros coffre plein de lingots d’or et de diamants…
A SUIVRE… (Prochain épisode, la semaine prochaine).
[1] Note de l’auteur : phrase diplomatique.