Le mécréant de la République.
Comme vous le savez, j'apprécie les chansons de Georges Brassens, y compris celles qui sont anticléricales, bien évidemment. Je suis tombé par hasard sur une version rap du mécréant.
Cette chanson rigolote et pleine de sagesse m'a inspiré. Alors j'ai écrit quelques vers, que je vous propose ici. Certes, les alexandrins sont moins souples et les rimes moins riches, mais on fait ce que peut...
Est-il en notre époque rien de plus vilain,
de plus choquant que de n'pas être républicain ?
On nous explique dans les programmes télévisés
que pour être un citoyen correctement avisé,
sa conscience politique il faut avant tout
savoir cultiver pour s'en faire un atout.
Alors à l'instar de mes amis bien-pensants,
j'ai donc décidé moi aussi de faire semblant.
Pour être au diapason j'ai bien sûr commencé,
par critiquer les dérives d'un président insensé.
Je n'ai pas manqué d'énumérer toutes ses tares,
de traiter de tous les noms le sinistre lascar.
Mais comme pour bien faire il fallait s'engager,
vers des actions concrètes il m'a fallu converger.
Voulant de toutes les manières être bien vu,
du capitalisme j'ai dénoncé les abus,
puis je me suis tourné vers l'autre cornichon,
je parle bien sûr de celui qui s'appelle Mélenchon.
Alors moi aussi j'ai chanté l'internationale.
Prolétaires de tous les pays, c'est la lutte finale !
Après tout, ses idées ne sont pas si mauvaises.
Loin de moi l'envie d'affirmer qu'elles sont niaises.
L'problème c'est qu'un soir de fête, ma langue a fourché,
avec tous d'un seul coup je me suis bien fâché.
J'ai osé dire que l'utopie, c'est un truc religieux,
et de fil en aiguille, j'ai fini par dire Dieu.
Àvoir la pâle couleur de mes auditeurs blêmes,
j'ai compris que j'avais commis le pire des blasphèmes.
Renié par tous, il m'a fallu quitter la scène,
presque triste de leur avoir causer tant de peine.
Pour un évangéliste, je ne suis pas croyant
Pour un communiste, je ne suis pas mécréant
J'ai en fait l'horrible impression qu'où que j'aille
On me chassera comme si j'étais du bétail
J'en conclue qu'il n'est rien de plus désagréable
que dans cette société vouloir être raisonnable.
Vous prétendez bien avoir toutes les solutions
Pourtant toujours plus grave est la situation
Votre mauvaise foi a quelque chose de terrifiant
et je garderai sur vous un regard plus que méfiant,
car de votre immense bêtise je connais l'ampleur
puisque vous n'comprenez même pas le mot douleur.
Les deux derniers vers sont particulièrement pertinents...
Voici la version originale du mécréant, par Georges lui-même.