La méditation procure la joie.
Sophocle disait que « le savoir est de beaucoup la portion la plus considérable du bonheur. »
Avait-il raison ? Est-il utile de savoir pour être heureux ? La connaissance est-elle utile au bonheur ?
Ces questions sont intéressantes, cela va sans dire.
D'abord il faut bien voir que sans nul doute, quelques soient les développements et les arguments que l'on peut apporter, la réponse sera oui. Pas besoin de faire de grands discours ni de faire une dissertation avec thèse, antithèse, synthèse pour le comprendre, la réponse sera indéniablement et irréfutablement toujours OUI !
Néanmoins, développer quelques arguments peut être divertissant. C'est donc ce que je vais faire maintenant.
Commençons par un exemple trivial : la SCIENCE.
La science, c'est, aussi bien étymologiquement que dans les faits, la connaissance. Tout du moins une certaine connaissance, c'est à dire une connaissance qui nous permet de résoudre, avec le temps, nombre de problèmes pratiques : nous sommes moins malades, nous pouvons nous déplacer plus vite, plus loin, nous mettons au point des technologies qui nous facilitent la vie et nous mangeons des plats toujours plus raffinés... Tout cela grâce à la science.
La science apporte un pouvoir qui permet d'accéder à une forme de bonheur. On a donc là un lien plus ou moins direct entre connaissance et bonheur.
Bien.
Mais est-il possible que ce lien soit encore plus direct ?
Autrement dit, est-ce que le fait de savoir des choses qui, a priori (je dis bien ''a priori'' !), ne servent pas à améliorer notre vie quotidienne, peut nous procurer un plaisir, une satisfaction ou un soulagement immédiat ?
Oui, mille fois oui !!
Le bonheur ne vient-il pas lorsque l'on sait apprécier la vie que l'on a, quelle qu’elle soit ? Or pour apprécier quoi que ce soit ou qui que ce soit, il faut chercher à mieux le ou la connaître, c'est à dire chercher à en comprendre les caractéristiques, à en savoir plus sur sa richesse, bref à en apprécier la diversité et la complexité : on voit bien qu'alors les mots plaisir et connaissance/compréhension se confondent presque.
De plus, le savoir rend libre parce qu'il permet d'agir en toute connaissance de cause. Et la liberté est bien sûr un des ingrédients essentiels du bonheur, comme la farine l'est aux crêpes et le mascarpone au tiramisu.
Encore un lien net entre connaissance (de la recette) et bonheur !!
Ces grands principes culinaires s'appliquent bien sûr également à la philosophie. Pourquoi ne s'y appliqueraient-ils pas ?
La connaissance des choses de l'esprit est aussi une façon d'apprécier la vie.
Entre parenthèses, je ne considère pas que la religion entre vraiment dans ce cadre, car obéir à des dogmes absurdes n'est pas selon moi une démarche sincère de recherche de la vérité : la religion - en tout cas actuelle - peut donner une illusion malsaine de bonheur, comme un rail de coke ou une bouteille de vodka, mais cela reste qu'une triste illusion au bout de laquelle se trouve une grande violence. Cela ne vaut même pas une bonne tarte tatin aux pommes.
Non, pour connaître, il faut méditer, c'est à dire réfléchir, se remettre en cause pour assimiler : bref procéder à une démarche sincère d'acquisition de la connaissance.
Il faut intensément et régulièrement se remettre en question pour découvrir les secrets de la métaphysique, comportement qui est à l'opposé total de l'attitude religieuse. Or, ce n'est qu'ainsi que l'on peut prendre du recul, sur nos croyances par exemple, et même accéder à une sorte de paix intérieure qui aura le goût savoureux d'une crème brûlée dégustée après une semaine de jeûne.
Le fait de découvrir des choses par soi-même est une joie, comme par exemple lorsqu'on comprend que le corps ne peut pas être la seule source de la conscience. Cette découverte permet à mon avis de relativiser beaucoup de problèmes matériels et de représentations trop simplistes de la société.
Une bonne connaissance de cette précieuse métaphysique procure de l'apaisement. On s'interroge d'une autre façon sur notre véritable identité. En outre, savoir que le corps ne suffit pas permet de comprendre qu'il y a un vrai mystère qui, le jour où il sera percé, apportera une grande joie. En tout cas tous les espoirs sont permis : comme la quête est difficile, la récompense doit être grandiose.
Voilà pourquoi la connaissance de la spiritualité procure joie et bonheur...
Du bonheur individuel mais aussi du bonheur collectif !
En effet, la très grande majorité (pour ne pas dire la totalité) des malheurs dans le monde sont la conséquence plus ou moins directe de la connerie humaine. Or celle-ci se manifeste avant tout par des raisonnements absurdes et des mensonges caractérisés.
Croyez vous que ces gens seraient toujours aussi bêtes s'ils acceptaient le principe de la méditation ?
S'ils reconnaissaient les bienfaits de la remise en question, de la prise de recul, du doute hyperbolique, ils comprendraient sûrement que nombre de leurs certitudes sont complètement absurdes.
Car c'est bien ce qu'est avant tout la méditation : un retour sur soi pour se transcender, c'est à dire ''se mettre au dessus de soi'' pour être sûr de bien voir où l'on se trouve, ce que l'on fait et qui l'on est. Et une société de gens sages, raisonnés et apaisés est forcément bien plus épanouie qu'une société composée de brutes épaisses complètement débiles.
Il faudrait rendre la méditation et la remise en question de ses certitudes* obligatoire, pour le bien de l'humanité. La métaphysique est indispensable à la vie comme le sont les cacahuètes et la bière à l'apéro.
Je suis donc très affecté quand on m'insulte ou quand on me méprise alors que je défends un raisonnement simple et évident. Comment mettre quelque espoir en des gens qui refusent la moindre logique ? Et ces gens voudraient qu'on les prenne au sérieux ?
SI les êtres humains d'aujourd'hui apprenaient à douter, à accepter le fait qu'ils peuvent se tromper, alors le monde se transformerait en paradis.
En tout cas, en attendant que la civilisation devienne adulte, je peux dire et redire une chose : oui, la méditation est difficile mais la méditation procure la joie ; la phrase de Sophocle est non seulement vraie mais elle est, nous l'avons vu, aussi vérifiable à plusieurs niveaux. Gardez là en mémoire et ne l'insultez pas, le mépris et la calomnie étant en général les seules choses pour lesquelles vous ayez un tant soit peu de respect.
Humblement vôtre.
* Surtout religieuses et politiques.