Voir l'écriture sur le mur.
Épisode 7 de la saga dieuexiste.com... (L'épisode précédent est ici).
Rosnard tremblait de peur. Deux hommes l'obligeaient à garder son bras tendu et ses doigts sur la table alors que le propriétaire des lieux avait sorti son sabre.
« Attendez Majesté ! J'accepte votre proposition si vous ne faites de mal à personne. Je serai votre serviteur et votre esclave et je démontrerai que toutes les prophéties bibliques ne font que parler de vous. »
Celui qui avait l'outrecuidance de se faire appeler Mahdi posa son sabre sur la table et réfléchit.
« J'ai un défi à te proposer. Si tu le réussis, tu seras mon esclave et ton ami aura la vie sauve. Si tu échoues, vous mourrez tous les trois. Après plusieurs jours de torture, évidemment. »
Mitney ne savait plus que penser. Il avait l'impression d'être dans un cauchemar, de ne plus être dans la réalité. Il avait quitté le monde habituel et avait pénétré en enfer. Il sentait bien qu'il n'avait plus rien à perdre. Tout simplement parce qu'il avait basculé dans le royaume d'Hadès et que toutes les horreurs y étaient possibles. Il réussit à croiser le regard déterminé de Glandon et aussitôt ils se comprirent. Il sut ce qu'il devait faire.
« J'accepte ! dit-il courageusement. Pourriez vous simplement me détacher pour que je puisse me concentrer s'il vous plaît ? ajouta-t-il.
- Ta détresse me fait rire. Tu es si faible et je suis si puissant. J'espère simplement qu'elle ne va pas se mettre à pleurer la fillette !! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! … Bon.... Je t'arracherai bien un ongle pour le plaisir mais je vais d'abord te proposer mon énigme... Allez, détachez le !! Il est si petit et si maigrichon que nous ne risquons pas grand chose. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Je sens que je vais bien m'amuser moi. J'aime tellement torturer les faibles !! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! »
Donosor brisa les liens de Mitney sans ménagement puis lui donna un violent coup de pied dans le dos qui précipita le pauvre dans les chaises qui se trouvaient devant lui. Du coup, le pervers narcissique propriétaire des lieux en rajouta un... pour le fun.
« Relève toi, détritus ! … Tu vois ces inscriptions sur le mur ? Dis moi ce qui est écrit et tu auras la vie sauve. » dit durement l'odieux personnage. Sur un des côtés du salon, une phrase en chaldéen était gravée en alphabet cunéiforme et en lettres d'or. Mitney se mit debout lentement puis, la tête droite, regarda fixement devant lui. Il ne connaissait rien au chaldéen, ni de près, ni de loin, et n'avait donc pas la moindre idée de ce que signifiait ces gribouillis. Mais il savait très bien ce qu'il allait dire tout simplement parce que l'extraordinaire coïncidence lui sautait aux yeux.
Il se racla la gorge puis prononça à haute et intelligible voix : « Voici l'écriture qui a été tracée : compté, compté, pesé, et divisé. »
Ces quelques mots prononcés d'un air solennel par le captif eurent un effet inattendu sur Iznogoud. Celui-ci se mit à trembler puis à grogner d'une façon rauque et continue. Sa colère allait être terrible, cela ne faisait aucun doute. C'est ce moment là que choisit Glandon pour agir. Tel un jaguar affamé, il bondit sur Donosor. Des années d'aventure l'avaient rendu capable de rompre n'importe quel lien. Or ces imbéciles l'avaient attaché avec une corde, et non avec des menottes et cela lui avait facilité la tâche, évidemment.
Avant que le géant ne comprît ce qu'il se passait, Robert lui avait dérobé une arme et tirait déjà sur les deux autres gorilles. La femme en burqa qui était restée dans le fond du salon s'était abaissée. Mais tout à coup, elle surgit avec un somptueux vase persan à la main pour le lancer à la face d'Iznogoud alors même que celui-ci s'apprêtait à se saisir de son sabre. Mitney en profita pour prendre une chaise et la balancer sur son ennemi mortel. Rosnard, toujours attaché, se précipita sous la table, pour éviter les balles perdues de la fusillade qui faisait rage.
Il ne fallut que quelques instants pour que l'américain soit maître de la situation. Il tenait en joue les trois gardes du corps. Quant à Mitney, il bloquait l'infâme propriétaire des lieux avec l'aide de la femme en burqa.
« Ne bougez plus, ou je fais feu », hurla Glandon. Pour être sûr d'être bien compris, il tira dans les jambes de Donosor, qui gémit de plus belle, étant déjà blessé à l'épaule.
Ce geste excita l'inconnue qui se précipita sur un des gorilles pour lui voler son arme. Dans la main, elle avait des clés. « We go ! We go ! » cria-t-elle tout en se prenant les pieds dans son encombrant accoutrement. C'est alors qu'elle fit un geste étonnant et insensé. Visiblement excédée d'avoir à porter ce vêtement, elle le retira, dévoilant ainsi un corps extraordinaire. Car oui, son bourreau, d'un naturel pervers, l'avait toujours obligé à être nue sous son habit de prisonnière...
Pendant un instant, la situation se figea. Même les blessés ne se plaignaient plus. Un ange avait débarqué et tout le monde regardait, béatement. On aurait cru que l'odalisque à l'esclave de Jean Ingres était sorti de son tableau pour prendre forme humaine ou qu'une jeune femme avait décidé de sortir de son bain turc pour prêter main forte aux innocents.
Cette si belle envoyée des cieux n'était désormais plus vêtue que du Smith&Wesson 686 qui avait fait pleurer Rosnard et marchait tranquillement vers le tortionnaire à la barbe frissonnante et aux chaussures pointues.
Le silence fut brutalement brisé lorsque deux coups de feu retentirent. La jeune fille avait, avec un sang froid incroyable, tiré sur son maléfique violeur. Un hurlement démoniaque déchira l'atmosphère, ce qui fit réagir Glandon.
Il récupéra les clés et fit sortir tout le monde. Mitney courait mais sans pouvoir quitter des yeux celle qui les avait aidée à échapper à l'enfer. Le bip rendit son verdict : il leur faudrait fuir dans une BMW Z3 M 3.2. Glandon prit le volant tandis que les trois autres personnes durent se serrer pour occuper l'autre place. L'américain démarra en trombe.
Mitney avait l'impression de rêver. En quelques instants, il était passé du plus grand désespoir au plus incroyable des paradis. D'abord il était sain et sauf et il avait échappé au diable. Mais surtout, une des plus belles créatures qui soit était sur ses genoux, entièrement nue.
Comble du bonheur, il devait la tenir, car Robert conduisait vraiment vite. Ses cheveux d'une blondeur pure et véritable caressaient délicatement le visage du bienheureux dès que la voiture changeait brusquement de direction, c'est à dire tout le temps. En outre, les quatre personnes présentes étaient très serrées, car il y a peu de place dans ce type de roadster. Sa peau si douce et si blanche ne pouvait que se frotter contre les vêtements usés de Mitney. Et l'immense stress provoqué par l'intensité des événements rajoutait une dose d'érotisme à une situation déjà extraordinairement sensuelle.
Malgré son immense trouble, l'homme se risqua à quelques mots.
« Tu parles français ?
- No french. I speak lithuanian, arabic, english. I am Helena. And you ? »
Pour lui adresser la parole, elle se tournait vers lui, dévoilant ainsi ses magnifiques seins pointues. Mais Mitney n'avait aucune difficulté à regarder Helena dans les yeux, car ceux-ci étaient fort jolies. D'un bleu très clair envoûtant, ils pouvaient sans nul doute charmer n'importe quel rustre.
« You want my clothes ?
- Aciu, aciu (prononcez ''atchou''). Me cold.
- Elle est enrhumée ? »
Cette remarque très peu pertinente venait du pragmatique et légèrement homosexuel Rosnard, lequel avait déjà tiré la capote et ne pouvait faire autrement que se serrer contre le conducteur, qui faisait tout son possible pour faire vrombir au maximum les 320 chevaux à sa disposition.
« Mais non. Aciu signifie merci en lituanien, précisa Mitney, qui savait dire merci dans toutes les langues.
- A car is following us, coupa Glandon qui, tout surexcité qu'il était, oublia de parler français.
- Aš juos žudyti. »
Tout en prononçant ces quelques mots dans sa langue maternelle, la jeune fille se retourna, ouvrit la fenêtre et entreprit de viser la BMW M5 E60 qui les poursuivait. Se faisant, elle frottait sa ravissante poitrine contre le visage de Mitney, qui était en train de s'occuper à enlever son jean. Il commençait à devenir fou de désir.
« Can you stop please ? No usefull. I'll be faster than this bastards. » Glandon était au taquet, comme on dit en Normandie.
Helena tira néanmoins quelques balles, ce qui fit ralentir les gangsters, puis posa son arme et enfila les habits de Mitney, lequel se trouva dans l'obligation de mettre la burqa pour ne pas avoir à rester en caleçon. Il fit tout de même en sorte de ne pas porter la capuche. Malgré une vitesse de 180 km/h, Glandon osa une petite question.
« Mais que signifiait la phrase que tu as prononcée ? J'ai bien compris qu'il s'agissait d'une provocation mais je n'en ai pas saisi le contenu.
- Et bien aussi extraordinaire que cela paraisse, nous venons de vivre une fois de plus un chapitre du livre de Daniel. Le chapitre suivant l'épisode de l'arbre qui plus est ! N'est-ce pas incroyable, fantastique ? Cela ne peut pas être un hasard. De telles coïncidences sont impossibles.
- Dans le chapitre 5, Daniel doit déchiffrer une écriture sur un mur ?
- Mais oui ! Une écriture mystérieuse apparaît sur un mur lors d'un banquet offert par le roi de Babylone. Il s'avère que personne ne parvient à la lire, sauf le prophète Daniel. Ce dernier révèle que l'écriture sur le mur dit : compté, compté, pesé et divisé. Puis il explique. Compté : Dieu a compté ton règne, et y a mis fin. Pesé : tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé léger. Divisé : ton royaume sera divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses. Cette même nuit, Belschatsar, roi des Chaldéens, est tué et Darius, le Mède, s'empare du royaume. Tout ceci est historique. Cela eut lieu en 539 avant Jésus Christ.
- Il est vrai que la ressemblance avec nos aventures est troublante. Mais pourquoi est-il devenu tout rouge après que tu aies prononcé cette phrase ?
- Je ne sais pas. Peut-être simplement parce que c'est effectivement ce qui est écrit sur son mur.
- Fuck ! Le revoilà ! »
La voiture des poursuivants, plus puissante, se rapprochait dangereusement. Il fallait faire quelque chose. Mitney en regardant le paysage, remarqua qu'ils venaient de passer par Brionne. Cela le bouleversa, car il avait compris dans quelle château il avait failli brûler : dans la région, il n'y en avait qu'un.
Et il trouva la coïncidence extraordinaire. Incroyablement extraordinaire...
La suite le mois prochain.
Photo que je mets ici simplement pour illustrer le contenu de l'article et aucunement à titre de provocation.