Saga 2013, introduction.
L'année dernière, je vous ai proposé une passionnante série de 19 articles sur Dieu. Cette année, comme je l'ai déjà expliqué dans cet article, j'ai envie de garder le principe de la série, tout en changeant de sujet.
Rien de vraiment original, rassurez vous, puisque j'ai décidé de parler du livre biblique de Daniel, encore... Non pas de manière académique, mais de façon romancée cette fois. Je vais raconter une histoire, ou plus exactement un morceau de roman à suspens : pas le début, et bien sûr pas la fin... mais le milieu !
En effet, ce que vous allez lire (ou pas) en 2013 constituerait le milieu d'un thriller ésotérique haletant qui n'existe pas encore. Mais je ne vous en dis pas plus, je préfère vous laisser découvrir l'intrigue...
Je signale à ceux qui connaissaient la saga du vendredi que j'ai repris le personnage de Robert Glandon, à la fois spécialiste de l'antiquité tardive et amateur d'enquêtes ésotériques. Aucun rapport avec le Robert Langdon du Da Vinci code , évidemment...
Le titre du premier épisode est « Le barbu ».
IMPORTANTE MISE EN GARDE (située en fait en tout début de roman).
Chère lectrice, cher lecteur,
Attention, Daniel est un des quatre grands prophètes selon l'ordre canonique de l'Église catholique. Il est reconnu par les musulmans et bien sûr par les juifs. Ce qui signifie qu'il fait partie des rares grands prophètes en qui tous les monothéistes de la Terre qui croient en l'existence du vrai Dieu sont obligés d'avoir confiance. Autrement dit, si vous, chère lectrice ou cher lecteur, prétendez être soit juif, soit chrétien soit musulman, vous devez penser que Daniel a eu des visions justes. Vous DEVEZ en être sûr, c'est dans le contrat que vous avez signé en adhérant à votre religion... Alors si vous n'êtes pas prête ou prêt à accepter les révélations que vous allez lire, il est encore temps de quitter ce blog.
Cette ligne passée, il sera trop tard...
Partie II, épisode 1 : Rennes le château, un jour d'été, entre 2010 et 2020...
Glandon appuyait frénétiquement sur les pédales de son vélo, lequel émettait à chaque tour de pédale un grincement difficile à supporter. Le professeur suait à grosses gouttes mais n'avançait pas. En effet, l'axe de la roue arrière de sa bicyclette s'était rompu à la suite d'efforts trop violents dans un col, si bien qu'à chaque fois qu'il forçait, cette ignoble roue se serrait contre le cadre comme s'il s'agissait d'un amant fraîchement débarqué. Le frottement résultant empêchait le pauvre homme de dépasser les 15 km/h là où normalement il roulait à 40 km/h. Une vraie torture.
Mais le pire arrivait avec la montée vers le village. En effet, dès que la route s'élevait, cette maudite chose se collait carrément au cadre, empêchant notre héros d'avancer. De rage, Glandon finit par s'arrêter pour balancer le plus loin possible cette « infâme poubelle », comme il le cria aux quelques corbeaux témoins de la scène, tout en maugréant contre le soit-disant ami qui lui avait refourgué ce déchet ambulant. Il était maintenant à pied, mais, heureusement, il ne restait que quelques kilomètres à faire. De plus, la nuit tombait, ce qui l'arrangeait, car il voulait rester discret.
Sa voiture détruite, sa vie menacée par des personnages très inquiétants qu'il s'attendait d'ailleurs à voir surgir d'une minute à l'autre, il s'acharnait pourtant à mener son enquête. La découverte qu'il avait faite était vraiment trop exceptionnelle pour qu'il s'arrête là. Cela allait au delà de sa carrière, il en était convaincu. Sa mission était capitale. En outre il aimait vraiment l'aventure et toute sa vie était principalement faite d'aventures.
La trentaine bien entamée, Robert Glandon avait été élève puis professeur stagiaire à Princeton, la prestigieuse université du New Jersey. Désormais, il passait l'essentiel de son temps de travail à la recherche d'objets rares ou de documents anciens. Sa spécialité : l'antiquité tardive et le haut moyen-âge en Europe et plus particulièrement en France. D'ailleurs cet américain d'ascendance irlandaise et allemande parlait parfaitement la langue de Molière, notamment parce qu'il avait passé une grande partie de son enfance en Provence.
Physiquement, l'homme était grand et bien charpenté. Il pratiquait avec assiduité la course à pied et la musculation. Subtil mélange de Lance Armstrong et d'Harrison Ford, il plaisait aux femmes et savait se défendre quand il fallait. Ses amis américains l'appelaient d'ailleurs souvent Indiana car il portait régulièrement un blouson en cuir, une élégante chemise gris clair et un chapeau.
Pour aller plus loin dans son enquête du moment, il fallait qu'il en sache plus, il en était bien conscient. En effet, ses connaissances bibliques n'étaient pas très avancées, et il avait des questions. Des questions pointues, qui méritaient les réponses du meilleur spécialiste qui soit, le brillant Mitney, imbattable sur Nostradamus et les prophéties en général, et qui habitait évidemment le village symbole de l'ésotérisme : Rennes le château.
Glandon fut brutalement sorti de ses pensées par le bruit d'une voiture qui arrivait en trombe. Prudent, il préféra se jeter dans le fossé. Lorsque le bolide passa, il crut reconnaître le véhicule des racailles à sa poursuite. Il se releva, puis, après une bonne marche, Robert arriva enfin devant la demeure de Mitney. Aucune trace de la voiture dans le village. « Bizarre » pensa-t-il. Après un tour de ronde pour se rassurer, il frappa à la porte du spécialiste.
Avec un nom pareil, il s'était préparé à voir un asiatique ou tout du moins un oriental. Mais c'est un européen qui se présenta à lui. Plutôt petit, brun et barbu, il s'agissait d'un homme d'âge moyen très mal habillé puisque vêtu d'un jogging troué et d'un pull douteux.
« Monsieur Langdon I presume ? lança l'individu, jovial.
- C'est cela, répondit calmement Robert sans reprendre la faute faite sur son nom. Il était trop impatient de ne plus avoir à trainer dans la rue pour discuter.
- Et bien donnez vous la peine d'entrer, je vous attendais. »
Glandon pénétra dans un intérieur relativement modeste mais qui donnait sur un petit jardin dans lequel on distinguait un potager. On pouvait y deviner des plants de tomates, des poireaux et des pommes de terre. Vu la maigreur de l'homme, on se doutait qu'il s'agissait là de sa principale source d'approvisionnement.
Le reste de la petite maison n'était pas très bien entretenu. Le ménage n'était pas bien fait et il n'y avait guère de quoi égayer l'intérieur. Il était clair qu'une présence féminine manquait. L'endroit semblait refléter l’apathie d'une âme solitaire et déprimée.
« Voulez vous boire quelque chose ? demanda l'hôte pendant qu'il s'asseyait à sa table de cuisine.
- J'ai apporté des bières et une bouteille de vin. Du Tautavel.
- Et rien à manger ?
- Si, figurez vous !! Du pâté, du fromage, du jambon et du saucisson. Il ne me manque que du pain...
- Et bien c'est parfait puisque j'en ai moi, du pain. Qu'est ce que vous avez apporté comme fromage ?
- Etorki, rocamadour, St Marcellin et camembert.
- Mais c'est génial ! Une seule bouteille de Tautavel, c'est peut-être un peu juste. Vous n'auriez pas un petit bordeaux ou un petit côte du Rhône sous votre chemise ? »
La conversation prenait un tour étrange, non prévu par Glandon, lequel ne savait pas comment amener au sujet qui le préoccupait et qui n'était pas le fromage, mais les prophéties bibliques. Il s'assit néanmoins à la table, rompit le pain et servit le vin. Il se retint de dire « buvez car ceci est mon sang » et sortit le rocamadour. Avec du saucisson et du pinard, c'était excellent !
« Merci Monsieur d'avoir apporté du rocamadour ! s'exclama Mitney, visiblement ravi.
- Cela mérite un bon bordeaux, rajouta-t-il avant de se diriger vers la cave. »
Glandon en profita pour sortir le pâté et mettre les bières au frais. On ne sait jamais, on peut manquer de munitions, mieux vaut être prudent, songea-t-il. En fouillant son sac, ses yeux se posèrent par hasard sur la fenêtre donnant sur le jardin potager. Il lui vint alors une idée lumineuse. Justement, le maître des lieux revenait, avec deux bouteilles de vin supplémentaires.
« Et si on faisait des frites ? demanda aussitôt Robert Glandon.
- Ah... Excellente idée !! Mais il faut de la viande. Je ne sortirai pas mes pommes de terre spéciale frites s'il n'y a pas de viande.
- Eh bien, je vais peut-être vous surprendre mais j'en ai dans mon sac. Et oui, Monsieur Mitney, j'ai cru comprendre au téléphone que vous aviez faim. Alors il m'a paru opportun de faire les courses pour notamment acheter de la bonne viande hachée. Si vous avez ne serait-ce que des oignons, on se lance !
- Mais vous êtes un génie !! De plus, votre français est excellent. Et avec ce petit accent marseillais, j'ai du mal à croire que vous êtes américain, Monsieur Langdon.
- Glandon. Mon nom est Glandon, pas Langdon.
- Ah... Bizarre. Langdon, ça fait plus américain. Glandon, ça fait... Comment dire... Ça fait... Ça fait con. Surtout avec l'accent méridional.
- Mmm... Oui... Mmm... Bon, on les fait ces frites ?
- Oui, pardon, excusez moi, je suis désolé. Je vais chercher les patates, les oignons un poivron et peut-être quelques tomates. Buvons un coup pour fêter cette brillante décision. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les deux hommes vidèrent leur verre de Tautavel assez rapidement et se mirent au travail, plutôt dans le silence. C'est quand l'homme demanda s'il pouvait mettre la radio que Glandon se demanda s'il se rappelait du motif de la venue de son visiteur.
La question du détective américain surprit Mitney qui, malgré sa réticence à remuer de vieux couteaux dans de vieilles plaies, consentit néanmoins à répondre...
À SUIVRE... le mois prochain.