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le roman de daniel

Heureux celui qui attendra.

Publié le par Miteny

Épisode 14 de la saga dieuexiste.com... (L'épisode précédent est ici).

Hélène et Mitney arrivèrent enfin devant Yechouot Yossef, la yéchiva francophone de Jérusalem. Le bâtiment étant interdit aux femmes, Mitney dut demander à sa dulcinée de l'attendre devant la porte, ce qui le contraria quelque peu. À l'intérieur, il trouva rapidement Glandon. Il portait déjà la kippa, signe ostentatoire de sa récente inscription et était entouré de quelques étudiants avec qui il semblait plonger dans le travail.

« Ah, voilà mon collègue Mitney ! C'est lui le spécialiste de Daniel dont je vous ai parlé. C'est lui qui a tout trouvé. » Les étudiants saluèrent Mitney respectueusement.

« Vous êtes juif, monsieur ? demanda l'homme le plus barbu.

- Non, je suis réfugié. En réalité, nous sommes réfugiés. Une longue histoire... Je viens te parler, Robert, sur ce qui s'est passé hier soir. On peut se voir cinq minutes ? … Eh, mais tu as fait un super tableau ! Vous êtes en train d'évoquer les prophéties de Daniel à ce que je vois.

- Oui.. J'ai inscrit ici tout ce que tu m'as appris tout au long de nos aventures plus la dernière vision chiffrée de Daniel, celle que tu n'avais pas eu le temps d'évoquer, à cause de ce sodomite de Rosnard. Àpropos, tu en as fait quoi de celui-là ?

- Je l'ai laissé dormir. N'oublie pas que c'est mon ami....Fais voir ça. »

 

Mitney se saisit du tableau fait par son américain de collègue tout en remarquant les regards noirs des ultra-orthodoxes, sans aucun doute provoqués par l'évocation de l'antique cité aux mœurs inavouables. Il était gêné d'être parmi ces gens mais il voulait, une dernière fois, avant de retrouver une vie normale, discuter de sujets qui l'avaient jadis passionné. Le tableau de synthèse des prophéties de Daniel :

 

propheties1

« Ah, c'est vraiment bien fait... Tu as noté les 1290 jours ainsi que les 1335 jours du dernier chapitre, c'est parfait. Mais comment savais-tu que la date de début de cette prophétie est 715 alors que nous n'avions pas eu le temps d'en parler ?

- Simplement parce que c'est écrit. Je te cite l'extrait du chapitre 12, le dernier du livre de Daniel : Plusieurs seront purifiés, blanchis et épurés. Les méchants feront le mal et aucun des méchants ne comprendra, mais ceux qui auront de l'intelligence comprendront. Depuis le temps où cessera le sacrifice perpétuel, et où sera dressée l'abomination du dévastateur, il y aura 1290 jours. Heureux celui qui attendra, et qui arrivera jusqu'aux 1335 jours !

La date du début est la date à laquelle l'abomination du dévastateur a été dressée alors qu'a déjà cessé le sacrifice perpétuel. J'ai demandé à ces messieurs : ils m'ont expliqué que le sacrifice perpétuel ne pouvait avoir lieu que dans le temple, Beit Hamikdash en hébreu. Il a donc cessé lorsque celui-ci a été détruit. En outre, dans le texte original, l'abomination du dévastateur est appelée l'horreur vide. C'est le dôme du rocher et la mosquée Al Aqsa qui trônent actuellement sur le mont Moriah mais qui sont vides, car ils n'ont pas d'autel. De plus ils abritent un rocher recouvert d'or.

Pour le judaïsme, il s'agit d'un cas flagrant d’idolâtrie, soit étymologiquement une horreur, une abomination. Il faut de toute façon bien avouer que l'islam est une religion à la tendance idolâtrique certaine : il n'y a qu'à voir le pèlerinage à la Mecque pour s'en convaincre. Tous ces gens qui viennent adorer un caillou noir… On se croirait chez les anciens égyptiens. Bref, passons. Ce qu'il faut savoir, c'est que cet ensemble dôme du rocher plus mosquée Al Aqsa a été achevé en 715. Il paraît que le rav Chaya, mon nouveau maître, préfère prendre en compte pour cette prophétie le début de la construction de la mosquée d'Omar, qu'il fixe autour de l'année 677. Mais tu vois, moi, j'ai été fidèle à ton enseignement : pour mon tableau, j'ai pris la date dont tu m'avais parlé, qui est d'ailleurs plus logique puisqu'elle correspond à la fin des travaux. Cela colle tout à fait et c'est plus homogène. C'en est même troublant, très troublant. Je suis troublé... En outre, même s'il ne fallait prendre en compte que le dôme du rocher comme entité correspondant à l'horreur vide de Daniel, je pense que la date de 677 ne conviendrait pas. En effet, les sources historiques nous indiquent clairement que ce monument a été achevé en 692. »

 

Mitney réfléchit, posa le tableau, puis reprit la parole, oubliant la pauvre Hélène qui poireautait dehors.

« Je suis fasciné par ce Daniel : il a réussi à prévoir l'avènement de la puissance occidentale, du christianisme, de l'islam. Tout cela avec les bonnes dates ! C'est tout de même bluffant. Mais surtout, on a vraiment l'impression que ses prophéties ont été construites autour d'un personnage central qui n'est pas encore venu mais qui devra être particulièrement important. D'après ce que je comprends, il serait né en 1975, date à laquelle l'arbre de Dieu est censé repousser. Ensuite il aurait commencé son ''travail'' à 30 ans, en 2005. Il commencerait à être reconnu à 40 ans, comme Moïse et Mahomet, c'est à dire vers 2015, qui est exactement entre 2012 et 2018.

D'ailleurs, il me semble que selon la tradition juive, un homme ne devient adulte qu'à partir de 30 ans et n'arrive à maturité qu'à 40 : ce n'est sans doute pas une coïncidence. Enfin, je suppose que la dernière prophétie signifie qu'il devra tenir jusqu'en 2050 pour voir Dieu triompher sur la Terre entière. Quoi qu’il en soit, vu la place qu'il occupe pour Daniel, cet homme pourrait être plus important que Jésus ou Mahomet, dont les évocations ne servent qu'à la validation des dates de sa venue. À mon avis, il ne peut s'agir que de l'authentique messie, Machiah en hébreu. »

 

À l'évocation du mot ''Machiah'', d'autres orthodoxes se regroupèrent autour de Mitney, par curiosité. L'un d'entre eux lui proposa de rencontrer le rav Ron Chaya, maître des lieux, pour au moins qu'il lui montre le tableau fait par Glandon. Mais au lieu de répondre, Mitney continua à parler :

« Oui, je pense qu'un personnage très important va venir. En tout cas, c'est la conclusion à laquelle j'étais arrivé lorsque j'étudiais les prophéties bibliques. Et si Daniel est aussi précis qu'il en a l'air, assurément nous connaîtrons l'identité de cet individu avant 10 ans. Je rappelle quand même que pour toutes ses prophéties, j'ai pris à chaque fois la dernière date possible. La dernière !!

Par exemple, pour la prophétie des sept temps, on ne peut prendre une date plus récente que 546 avant JC. De même pour l'édification de l'abomination, le triomphe du prophète arrogant ou les ordres successifs de rebâtir Jérusalem. On ne peut prendre des dates plus récentes que celles que j'ai prises. Autrement dit, c'est maintenant ou jamais !! Maintenant !

D'après mes calculs, si avant 2018 on ne sait pas qui sait, alors c'est que je me suis trompé quelque part...

Mais vraiment, je ne vois pas comment ce serait possible : encore une fois je le répète, j'ai été particulièrement rigoureux et extrêmement prudent. D'autant que cela concorde avec ce que Nostradamus nous a prédit pour notre époque : souvenez-vous de son quatrain citant 1999 et François 1er. Mille neuf cent quatre-vingt dix-neuf, messieurs !! Et si Malachie nous dit que François 1er est le dernier pape, ce n'est certainement pas par hasard. C'est même une sacrée coïncidence. Car oui, oui, évidemment, le catholicisme ne fera pas le poids face à ''Celui qui doit venir''. Voilà pourq...  »

 

Tout à coup, Mitney s’arrêta de parler, regarda tout autour de lui jusqu’à ce qu’il déniche une feuille de papier et un stylo. Il se jeta dessus. « J’allais oublier la chronologie biblique ! Bordel !! C’est super important car c’est une validation supplémentaire et spectaculaire de tout ce que je viens dire. » En moins d’une minute, Mitney dressa, devant des étudiants médusés, un petit tableau :

 

6jours2

« Qu’est ce que c’est ce truc ? » demanda Glandon, incrédule.

« Eh bien, c’est simple. C’est la chronologie biblique, ou, plus exactement, le calcul de la date de ''création'' d’Adam. Alors oui, je sais bien qu’il s’agit d’un être mythologique. Mais rien n’interdit de calculer l’âge des personnages de roman, surtout quand on a de quoi : il faut juste avoir un événement commun au livre et à la réalité, pour faire le lien. C'est clair ? Dans notre cas, j’ai pris la construction du premier temple par Salomon, au dixième siècle avant JC, parce que c'est pratiquement le plus ancien. L’existence de cet édifice cité dans la Bible est reconnu par les historiens : le lien est fait. Or la plupart sont d'accord pour dire que le début de son érection date des années 960 avant JC. Je me sers de cette date, pour remonter à Adam, grâce aux durées énoncées dans la Bible. »

- Tu les sors d’où ces durées ? Tu les inventes ?

- Mais non, andouille, elles sont écrites noir sur blanc !! Pour les deux du milieu, je t’ai mis les chapitres : Exode 12.40, 1.Rois 6.1. Pour la première, c’est un peu plus compliqué. Quoi que... Tu ne t’es jamais demandé pourquoi le livre de la Genèse était si précis question chiffres ??

Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth. Les jours d'Adam, après la naissance de Seth, furent de huit cents ans, et il engendra des fils et des filles. Tous les jours qu'Adam vécut furent de neuf cent trente ans; puis il mourut. Seth, âgé de cent cinq ans, engendra Énosch. Seth vécut, après la naissance d'Énosch, huit cent sept ans, et il engendra des fils et des filles. Totalement fantaisiste, mais précis. Et quand tu fais la somme des durées séparant la création d’Adam du départ d’Abraham, deux événements primordiaux et complètement absolument fondateurs pour toutes les religions monothéistes, tu tombes sur 2083. 2083 années.

- C'est dingue ça. Je ne savais pas.

- Et donc t'ajoutes tout ça, tous ces nombres, pour avoir une chronologie exacte. Et tu te rendes comptes d'un truc incroyable. Il y a, à un ou deux ans près, 6000 ans entre la création d'Adam et 2050. SIX MILLE années !!!

- Et ??

- Bah tu te souviens pas ?!?

Le deuxième épître à Pierre. Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c'est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient, mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. 6000 ans, ça ferait donc six jours pour Dieu. Donc après 2050, on commencerait le septième jour. Qui est ? Qui est ?

- SHABBAT !! »

 

Trois étudiants de la Torah avaient répondu en chœur, vite et bien. Mitney, constatant qu'on s'intéressait à son explication, redoubla d'enthousiasme.

« Oui, c'est ça !! C'est le jour du repos. Dieu a demandé aux hommes de ne pas travailler ce jour-là parce que c'est le jour de Dieu, Son jour. Le jour que l'on consacre à Dieu !! Une fois par semaine, c'est shabbat pour les juifs, qui a évidemment inspiré le dimanche des chrétiens et le vendredi des musulmans. Le jour que l'on consacre à Dieu mes chers !!! Ce jour là est pour Dieu !!

« Le monde sera plein de la connaissance de Dieu » dit Isaïe. Or là, on parle d'un jour de mille ans. Vous vous rendez compte ?? Cela signifie qu’après 2050 viendra le règne du Tout-Puissant. C'est un message extraordinaire. D'autant que 2050 est aussi la date prévue par Daniel pour la délivrance, après toute une série de calculs, à partir desquels vous avez fait votre tableau : heureux celui qui attendra 2050 nous dit Daniel !! Comment pouvait-il savoir ??

C'est miraculeux. Je vous rappelle que pour les premiers chrétiens, y compris Irénée de Lyon, celui qui a compilé la Bible, le septième jour de l'histoire humaine correspondrait indéniablement au retour et au règne du Christ sur Terre. Le fameux règne de 1000 ans, chapitre 20 du livre de l'Apocalypse. Avec 2050, nous avons donc une nouvelle confirmation de la grande pertinence des prophéties de Daniel. Allelujah !! Allelujah !! »

Enivré par son propre discours, Mitney sentait monter en lui l'adrénaline de l'exaltation religieuse, comme au bon vieux temps. Il se rappela alors à quel point cela pouvait être vraiment cool d'être un fou de Dieu, drogué à l'absolu, haranguant des foules d'illuminés prêts à se sacrifier pour la vérité.

« Je vous le répète et vous le répéterai encore, c'est MAINTENANT ou jamais !! Ça va chauffer, ça va chauffer grave. Vous devez vous préparer. Comme le dit Daniel lui-même au début de son chapitre 12 : En ce temps-là se lèvera Michaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple. Et ce sera une époque de détresse, telle qu'il n'y en a point eu de semblable depuis que les nations existent jusqu'à cette époque.

(Mitney monta soudain sur une chaise, puis se mit à hurler). Une terrrriiiiiiible époque de détresse... TERRIBLE ! Remarquons que, comme par hasard, c'est AUSSI ce que nous promettent des gens qui n'ont rien à voir avec la Bible ou le prophète Daniel, et qui même, les méprisent profondément. J'ai nommé les écologistes, bien sûr. Ils le répètent sans cesse : la Terre souffre, parce que nous l'avons abîmée, exploitée, massacrée, souillée, piétinée, violée, saccagée, dévastée, ruinée, vandalisÉEEEE !!!!!

Ils nous disent également qu'elle va se venger et que ce sera hOOOOrriiiible. Tout comme les prophètes, qui nous ont prévenu : Dieu va se venger et va saccager ceux qui saccagent la Terre, dixit l'Apocalypse, chapitre 11 verset 18. Ce même livre parle ensuite de sept coupes remplies par le venin de Sa colère, et qui, le moment venu, seront versées sur les viles et nauséabondes créatures que nous sommes... Trembleeeez !! Trembleeeez !! La plus terrible de toutes les prophéties est en train de s'accomplir, même les mécréants nous le confirment !! Dieu fera couler l'amer sirop de sa vengeance sur la terre, dans la mer, dans les fleuves, sur le soleil, sur le trône de la bête puis sur le Moyen-Orient. Et c'est alors que la Grande Explication FINALE fera tout péter !! TOUT !! TOUUUUUUT !!!

ARMAGEDOOOOOOOON ! La bataille du bien contre le mal ! SATAN contre DIEEEEEUUUUUUUU !!! TREMBLEEEEZZ ! REPENTEZ VOUUUUUUS !! AAAAAAAAAAAAHHHHH !!!  »

Les yeux révulsés, le corps en transe, Mitney semblait possédé par quelque esprit ancestral. Il s’apprêtait à crier ''Allah Akbar'' quand il recouvrit suffisamment de lucidité pour se rendre compte qu'il n'était pas cette fois-ci devant des musulmans. D'ailleurs, en regardant autour de lui, il s'aperçut que son auditoire commençait à le trouver bizarre.

Il se tut brutalement, ne bougea plus, et se remémora la promesse qu'il s'était faite il y a quelques années : arrêter l'intégrisme, devenir sage, modeste... modéré. Socialiste presque. D'autant que ce n'était pas le moment de rechuter, rapport à la belle blonde qu'il venait de pécho.

 

Encore tout dégoulinant de sueur, il descendit donc de sa chaise pour s’asseoir dessus et se cacher le visage entre les mains : il avait un peu honte comme un alcoolique après une bonne cuite ou un cocaïnomane avec une aiguille dans le bras après des mois d'abstinence. Il reprit néanmoins la parole quelques instants plus tard, beaucoup plus doucement :

« Euh... Bon... Euh... Moi, maintenant, même si j'attends ces événements avec impatience, j'ai pris du recul. J'ai rencontré l'amour et je veux repartir en Europe. C'est tout ce qui compte. J'espère m'installer avec ma dulcinée, apprendre le lituanien, construire une cabane dans la forêt, couper du bois sous la neige, casser la glace pour aller chercher de l'eau, cultiver mon jardin en été, traire mes vaches et, qui sait, avoir des enfants un jour. Voilà ce qui est désormais important à mes yeux. »

« Le pauvre... S'il pense que cette jeunette va rester avec un vieux comme lui, il va tomber de haut », pensa Glandon, légèrement jaloux.

Car bien sûr, il avait deviné que Mitney parlait d'Hélène. Mais l'américain ne dit mot, car quelque chose était beaucoup plus important à ses yeux : la révélation. Il se sentait conquis, investi, transporté, infiniment exalté par tout ce qu'il venait d'entendre. Il fut interrompu dans ses pensées par un étudiant réagissant au discours de Mitney.

« Mais moi je trouve que vous avez entièrement raison, monsieur. Machiah arrive, nous en sommes ici tous convaincus. Oui, Machiah arrive, Machiah arrive !! Et en plus il viendra de France, c’est le Rachi qui l’a prédit !!

D'ailleurs, cet avènement très proche nous obsède tous, jusqu'à notre maître rav Chaya, qui en parle sans arrêt. Je vous exhorte donc vraiment à faire techouva le plus rapidement possible, à suivre dès aujourd'hui les mitsvot les plus kadosh. C'est urgent !!

Savez vous que le nom Daniel en hébreu signifie ''Jugement de Dieu'' ? Autrement dit, la venue du Machiah, sujet principal du livre de Daniel, correspondra à un jugement de Dieu. Il faut s'y préparer. Car c'est la délivrance qui nous attend... La délivrance finale ! Machiah arrive, Machiah arrive, Machiah de France arrive !! »

 

Le jeune homme se mit alors à danser, emporté sa joie, tout en chantant la vieille chanson juive ''Machiah, Machiah''.

« Au risque de me répéter, je tiens à dire que je ne suis pas juif. Pire, je ne crois pas que ce personnage vienne spécialement pour les juifs. Je pense même qu'il ne sera pas juif, si tant est que ce mot ait une définition claire... Pourtant il vous faudra le reconnaître. D'ailleurs je me demande donc quelle sorte de pouvoir il pourrait bien avoir pour que toutes les religions du monde, qui sont par nature bien peu enclines à évoluer ou à réfléchir rationnellement, reconnaissent sa légitimité... Donc, vous voyez, je n'ai en fait plus grand-chose à vous dire sur ce sujet. Ma copine m'attend. Je vous salue bien bas, messieurs.

- Attends, attends, je viens vous dire au revoir ! »

C'est avec énormément de fierté que Mitney lança son « ma copine m'attend ». Il aurait tant voulu la leur présenter, ne serait-ce que pour pavaner devant cette bande de juvéniles intégristes sans doute sexuellement frustrés... Robert Glandon courut à la suite du français. Les deux hommes sortirent pour s'asseoir avec Hélène sur les marches devant l'entrée de la Yéchiva.

Les amoureux s'apprêtaient à saluer Glandon quand ils remarquèrent qu'un gros nuage vertical était en train de se former rapidement du côté de Tel Aviv. Très vite, ils comprirent de quoi il s'agissait et furent immédiatement glacés d'effroi. Ce qu'ils voyaient se former, ce n'était rien de moins qu'un énorme champignon atomique : l'Iran avait balancé sa première bombe nucléaire sur Israël !!

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Le suspens est insoutenable... Bon, pour vous faire patienter jusqu'au mois prochain, je vous propose un petit divertissement. Une chanson... Une petite chanson écrite et interprétée par votre serviteur ici présent. Évidemment, je chante mal et nombreux sont ceux qui vont crier au scandale, à l'attentat artistique. Tant pis. J’ai l’habitude.

« Et toi, marche vers ta fin ; tu te reposeras, et tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours. »

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Hangover.

Publié le par Miteny

Épisode 13 de la saga dieuexiste.com... (L'épisode précédent est ici).

Mitney sentit qu'une lumière vive traversait sa paupière. Malgré la profondeur de son sommeil, il se rendit rapidement compte que toute sa tête était en plein soleil. Il ouvrit les yeux tout en les protégeant avec ses mains. Il avait vraiment la tête qui tournait. Puis, d'un geste machinal, il saisit son portable qui se trouvait toujours sur la table de nuit... 16 heures !! Aussi incroyable que cela puisse paraître, il était quatre heures de l'après-midi. Lorsque Mitney se mit en position assisse, il vit qu'Hélène dormait à côté d'elle, entièrement nue. Plongée dans son sommeil, elle vint malgré tout réclamer un câlin auprès de lui. Il ne se fit pas prier car il se rappela alors d'un résultat essentiel de la soirée d'hier. Il avait conquis le cœur de la belle lituanienne. En d'autres termes, il avait pécho la blonde.

Il ressentit une immense fierté. Lui, la quarantaine bien pesée, elle, vingt ans à peine. Une fille aussi jolie... C'était vraiment inespérée, improbable, extraordinaire. Le problème est qu'il ne se souvenait plus comment il avait bien pu séduire la jeune personne. Que s'était-il passé cette nuit ? Pourquoi était-il si tard ? Impossible de s'en rappeler. Mitney inspecta la chambre. Il y avait des vêtements éparpillés partout, quelques cannettes de bière sur le sol. Un de ses caleçons pendouillait, accroché au haut de la porte de la grande armoire. Il lui fallut du temps pour remarquer que les sous-vêtements d'Hélène traînaient lamentablement sur le rebord de la fenêtre : une honte.

« Bordel, que s'est-il passé ? » pensa-t-il tout haut. Puisqu'il avait mal au crâne, il songea à aller boire un café. Il se saisit du seul habit à peu près propre car pas en contact avec la bière répandue sur le sol, l'enfila puis ouvrit la porte du salon. Et là, ce fut l'horreur. Le sol était jonché de bouteilles d'alcool, de vomi, de vêtements sales, de strings et de trucs cramés... Une chaise finissait de se consumer tandis qu'une poule picorait nonchalamment des petits bouts de nourriture déjà digérés mais involontairement rendus par leur propriétaire... Dans le canapé, Rosnard, complètement nu avec juste une cravate autour de la tête, semblait plongé dans un coma profond. Il avait du mal à respirer car il avait sur lui un gros poilu qui l'enlaçait langoureusement.

Il alla chercher Glandon dans l'autre chambre, mais dans le grand lit, à la place de son ami, il y avait une grande et superbe fille noire entièrement nue, elle aussi décidément, sans doute d'origine éthiopienne, qui dormait profondément. Il chercha dans la salle de bains. Personne... Pas de Robert Glandon. Pendant un instant, il eut l'impression d'être l'un des héros du film Very bad trip et espéra que son collègue n'était pas coincé sur un quelconque toit de Jérusalem ou d'ailleurs. Il ne savait pas quoi faire. Le pire était qu'il ne se souvenait de rien. Peut-être avait-il absorbé du GHB, ce qui expliquerait ses amnésies. Il craignait que cela expliquât également le comportement docile et désinhibé d'Helena. Heureusement il y avait bien une cafetière et du café, alors, malgré le bordel, malgré le fouillis, malgré les odeurs, il entreprit d'en faire, notamment pour sa supposée dulcinée. Tel un homme idéal, il se mit à faire un peu de ménage, avec un balai, de la javel et une serpillière. Lorsque le café eut fini de couler, il s'enquit de trouver un plateau pour apporter un semblant de petit-déjeuner au lit à sa créature de rêve.

Arrivé près d'Hélène, il posa le plateau sur la table de nuit puis caressa le corps de la belle. Elle était si magnifique qu'il ne pouvait s'empêcher de la toucher. Elle se réveilla et s'assit dans le lit. Malgré l'immense trouble que provoquait chez lui la vision de la ravissante poitrine dénudée de la jeune blonde, Mitney réussit à parler.

« Hello Helena. How are you ? You had a good sleep ? I have coffee for you if you want.

- Thank you. I think that I've got the hangover. I have headache. It's strange, I don't remember exactly what I have done yesterday. And you ? »

Mitney prit la main d'Hélène.

« You know that I love you so much. Whatever you decide for us, I'll be there for you. Your life was not easy, but, you know, I'm here to help you. So... Do you remember what we've done together last night ?

- Yes.

- You agree with that ?

- Yes.

- Do you mean that... you... you love me ?

- Ta... Ye... Ye... Oui. »

Mitney eut honte de lui. Il avait l'impression de profiter de la détresse et du désarroi d'une orpheline en manque de sécurité affective. Néanmoins il se rassurait en se disant qu'il représentait pour elle une sorte de figure paternel, un roc sur lequel elle pouvait enfin s'appuyer pour construire une nouvelle vie : un petit roc, mais un roc quand même. Il voulait être là pour la réparer de toutes les violences qu'elle avait subi. Il l'embrassa, elle l'enlaça. Maintenant il savait que le GHB n'était pas la cause de leur amour. La vie lui parut tout à coup plus rose, le ciel plus bleu et le soleil plus chaud. Les murs souriaient, les oiseaux lui faisaient des clins d’œil. Maintenant il aimait Jérusalem, il adorait Jérusalem. Cette ville devenait pour lui le centre du monde, car il s'agissait de la ville que la grâce avait choisi pour lui offrir le plus beau des cadeaux qui soit : l'amour. Et quel amour ! Peut-être le grand amour de sa vie. En tout cas, il l'espérait fortement. Machinalement, il regarda son portable. Il ne l'avait pas remarqué auparavant, mais il y avait un message de Glandon : « Le gars qu'on a rencontré hier, Moshe, m'a convaincu. Rosnard a décidé de changer de sexe, moi, j'ai décidé de faire techouva. Si tu me cherches, je suis à la Yéchiva francophone de Jérusalem. J'étudie la Torah. Shalom. »

Mitney prit sa tête à deux mains. Mais que s'était-il donc passé hier, bordel ? En une nuit, tout avait basculé, tout avait changé. Comme si le temps avait tout d'un coup décidé d'accélérer très fort. Comme s'il avait fallu que chacun trouvât sa voie le plus vite possible avant une terrible catastrophe. Comme si chacun sentait que ça tournait mal et qu'il lui fallait faire un point sur le sens de sa vie. Les amoureux se rhabillèrent et décidèrent de sortir pour laisser Rosnard avec ses étranges amis. N'étant pas complètement égoïste, Mitney déposa tout de même un petit mot précisant : « Glandon s'est converti au judaïsme orthodoxe, je pars le raisonner. Fais le ménage et achète du pain. »

En fermant l'appartement qu'on venait de leur prêter, il eut le sentiment qu'il ne reviendrait plus jamais ici, qu'il ne verrait plus jamais son vieil ami. Il sut confusément qu'il allait se passer des choses et que sa vie avait définitivement basculé à Tel Aviv dans cette discothèque dont le nom lui échappait encore et dans laquelle apparemment il s'était passé bien des choses. D'ailleurs qui était cette fille qui avait échoué dans le lit de Glandon alors même que celui-ci était censé être entré dans les ordres ? Il trouvait cela louche mais n'osa pas poser la question à Hélène, par peur de l'agacer ou de la choquer. Dehors, le soleil inondait la ville sacrée de sa lumière, comme souvent. Même si cette journée était pour lui la plus belle des journées depuis plus d'une vingtaine d'années, il trouva les gens inquiets, anxieux, stressés. De toute évidence il se passait quelque chose. Il osa malgré tout interpeller un passant très pressé pour lui demander où se trouvait la Yéchiva francophone de Jérusalem. « Ramot, Ramot » lui répondit ce dernier sans arrêter sa course.

Ramot, une colonie israélienne... Mitney n'aimait pas les colonies. Il trouvait très choquant que des gens s'emparent par la force des terres de personnes dont l'unique tort était de vivre à un certain endroit. Il ne connaissait certes pas toutes les ficelles de cette épineuse affaire mais il savait au moins que cette confiscation de force choquait également beaucoup la communauté internationale. La Cisjordanie, une région du monde particulièrement étrange : avec ses poches palestiniennes et ses colonies israéliennes elle ressemblait à du roquefort un peu trop moisi... Malgré leurs légitimes appréhensions, Hélène et lui montèrent dans un bus pour ce quartier de Ramot. Ils s'assirent bien évidemment l'un à côté de l'autre, ce qui est interdit dans ces coins d'orthodoxie. Le français prit la main de la jeune lituanienne, qui n'était pas très rassurée.

« Helena, I want to learn lithuanian. If you want, I will bring you back in your country. I agree to live there. 

- I don't want to stay here. I don't like this place.

- Wonderfull ! We will leave together as soon as possible. I've got some money to build a new life. »

Les tourtereaux s'embrassèrent malgré les regards de plus en plus désapprobateurs des religieux qui étaient avec eux dans le bus. Après ce baiser langoureux, la jeune femme posa la tête sur l'épaule de l'homme mûr, et ferma les yeux. Elle n'était pas encore complètement reposée de sa nuit de folie. En regardant les traits fins et harmonieux de sa jeune et très belle conquête, Mitney eut furtivement le sentiment que quelque chose clochait. Peut-être s'inquiétait-il pour rien, mais il y avait bien des choses louches dans cette histoire. D'abord pourquoi ne se souvenait-il pas de sa nuit ? Même une forte dose d'alcool ne provoque pas une telle amnésie. Pourquoi Helena ne semblait pas plus affectée que ça ? Était-ce elle qui l'avait drogué ? Mais dans quel but ? Qu'elle en veuille à son corps était d'une absurdité sans nom. Or lui ne possédait rien, n'était rien. Mais alors pourquoi ? Pourquoi ? Et puis, pourquoi venir en Israël ? Quitte à être réfugié, autant l'être aux États-Unis. Pourquoi Robert Glandon n'avait pas plus insisté pour retourner dans son pays ? Et puis, qui était vraiment ce type ? Un espion, un agent du Mossad ? C'était peut-être lui qui l'avait drogué ?

Apparemment il n'était pas chrétien puisqu'on ne peut pas faire techouva si on n'est pas juif. Vraiment, il y avait de quoi se méfier. D'ailleurs, il aurait du le faire dès le début : un américain avec l'accent marseillais, c'est vraiment plus que louche. Mais, comme on dit dans le métier de l'embrouille politique ou religieuse, plus c'est gros, plus ça marche. Bizarrement, sous l'effet du stress de la nouveauté, les scénarios les plus abracadabrantesques se bousculaient maintenant dans la tête de Mitney : peut-être qu'Helena et Robert étaient de mèche, voire déjà en couple ?? Peut-être qu'ils étaient tous les deux juifs et que leur mission était de l'amener dans un piège ? Et si la DGSE qui les avait pratiquement kidnappés en pleine campagne normande était une fausse DGSE ? Cela impliquerait de faux gendarmes, un faux Iznogoud, un faux château, voire éventuellement un faux zoo avec de faux lions... Et si le monde n'était pas un vrai monde ?!!

Mitney ne savait plus quoi penser, il était en pleine crise de paranoïa. Pendant quelques instants, seul Rosnard paraissait vraiment innocent à ses yeux, sans doute parce qu'il le connaissait depuis longtemps et qu'il savait qu'il ne s'intéressait à aucune religion. Mais alors peut-être avait-on voulu l'éloigner de lui en le mettant dans les bras d'un gros poilu ? Mitney regretta tout à coup d'être parti si précipitamment. Il eut soudain le désagréable sentiment qu'il était en train de faire une grosse connerie. Puis une effluve du parfum d'Hélène parvint à ses narines. Et il oublia tout...

La suite le mois prochain, comme d'habitude. Une petite vidéo, pour illustrer.

 

 

 

Publié dans Le roman de DANIEL

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