Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le souffle de Dieu planait sur la surface des eaux.

Publié le par Miteny

Maintenant, ne nous cachons rien, nous savons tous que le corps ne suffit pas. Je le sais, vous le savez, je sais que vous le savez, vous savez que je le sais, je sais que vous savez que je le sais et inversement... Alors arrêtons l'hypocrisie !!

 

Au lieu de jouer à cache-cache ou à plus menteur que moi tu meurs, qui est un jeu quand même très dangereux, tentons plutôt d'avancer ensemble sur le chemin de la connaissance. Essayons de spéculer, d'inventer, d'imaginer, quelles pourraient être les conséquences multiples et sans doute fascinantes de cette fabuleuse vérité : non, le corps ne suffit pas, oui, le lien métaphysique existe. Je l'ai déjà fait et je veux le refaire encore avec cet article. Mais cette fois-ci en traitant du délicat sujet de l'apparition de la vie...

Nous savons maintenant que la substance divine peut se connecter de mille et une façons à la matière... Sinon la conscience n'existerait pas. Et nous savons aussi, toujours grâce à cette histoire de conscience, que cette connexion se fait au niveau de la matière vivante. Cependant, il fut un temps, il y a de ça des milliards d'années, où la matière vivante n'existait pas. Mais comme le dit la Bible de manière romancée, le souffle de Dieu planait néanmoins au-dessus de la surface des eaux... Sans doute à la recherche d'une molécule digne de recueillir son ''énergie vitale''. Je divague ? Pas forcément...

En mai 2012, j'avais essayé de poser le problème en mettant en évidence d'une part le fait que la frontière entre le vivant et le non-vivant est bien plus floue qu'on ne le pense, et d'autre part que les scientifiques ne sont toujours pas parvenus à recréer la vie à partir des molécules de base que sont les acides aminés. Des faits apparemment contradictoires. En effet, d'un côté il semble clair que dans certaines conditions physico-chimiques, l'apparition de la vie soit spontanée : lente mais spontanée. C'est souvent ce j'ai plus ou moins eu tendance à penser d'ailleurs ; Dieu aurait juste fait en sorte qu'un monde capable d'engendrer spontanément des organismes vivants existe.

Mais, mais, mais, d'un autre côté... Ne serait-il pas possible qu'une infime intervention surnaturelle soit absolument nécessaire ? Une intervention infime mais elle aussi lente et continue... Vous vous doutez bien que je n'ai pas les compétences pour fournir une réponse définitive à la question. Quoique... Permettez-moi de vous livrer ici le fruit de mes réflexions, vous jugerez ensuite.

Les lecteurs assidus de dieuexiste.com auront tous compris que le lien métaphysique est nécessaire à l'existence des qualia, c'est à dire de la douleur, du plaisir, de la faim, des émotions, etc... Autrement dit, sans un contact entre la ''force active'' de Dieu et la matière vivante, les qualia n'existent pas : c'est bien ce que j'ai prouvé avec ma démonstration de l'insuffisance du corps. Nous savons que les qualia existent chez les êtres humains. Mais existent-ils chez les animaux ?

Comme vous probablement, j'aurais tendance à répondre oui : quand on regarde un chien, un éléphant, un gorille, un dauphin, un perroquet ou un moineau dans les yeux, on sait bien au fond de nous que l'on a devant soi un être vivant capable de ressentir des émotions comme la souffrance, ou la joie. Par contre, on a plus de mal à arriver au même genre de conclusion avec la limace, la fourmi, la méduse, ou la plante verte : sans doute parce que leurs yeux sont beaucoup plus difficiles à trouver... Pourtant même ces êtres vivants primitifs doivent être capables de ressentir une forme de douleur quand on les agresse : une forme sans doute très basique mais néanmoins suffisante pour les inciter à se défendre ou à fuir. Si c'est le cas, cela signifie qu'ils sont eux aussi reliés à la Substance divine, de façon très simple, par un lien extrêmement ténu ; mais bien réel puisque, je le rappelle pour la énième fois, l'existence d'une douleur implique l'existence d'un lien métaphysique.

La question qu'il faut maintenant se poser est la suivante : à partir de quelle complexité de forme de vie ce lien métaphysique a-t-il commencé à exister, à agir ? Peut-être dès le tout début en fait, à savoir dès l'apparition de la vie...

Cela impliquerait que Dieu a eu une part ''active'' non seulement dans l'évolution des êtres vivants capables de ressentir mais aussi dans la création de la première cellule vivante : de quoi troubler nombre de scientifiques. Alors bien sûr, je ne peux pas connaître les détails, je ne peux pas savoir quand, comment et à quel niveau moléculaire cela a dû se passer. Tout bêtement parce que je ne sais pratiquement rien sur le lien métaphysique, comme, par exemple, sa taille, son intensité, sa variabilité... Mais pourquoi pas ?

On sait que la vie a des ressources incroyables, des capacités d'adaptation insoupçonnées, une inventivité hallucinante. Presque impossible à concevoir sans intervention divine : c'est en tout cas ce qu'un grand scientifique spécialiste de l'évolution de la vie comme Yves Coppens, pas réputé croyant, a l'air de penser de plus en plus. Voir à ce sujet cet article de 2012. Il est donc fort possible, voire probable que, comme le dit la Sainte Bible, la force active de Dieu planât au-dessus de la surface des eaux dès le tout début, de sorte à insuffler le souffle de vie à quelques molécules organiques traînant de-ci de-là. À la vue de cette phrase frappée au coin du bon sens, mes lecteurs en général peu enclins à la sympathie et à la raison vont se mettre à pousser des hurlements d'orfraie. Pourtant c'est pratiquement une démonstration que je viens de livrer un peu plus haut. Si, si, relisez... Bon, pour que ce soit bien clair entre nous et puisque c'est tout de même important, je vais quand même rappeler les étapes de mon raisonnement en précisant les points décisifs :

1. Nous pouvons être certains que le lien métaphysique, c'est à dire le contact entre Dieu et la matière vivante, existe BEL ET BIEN. Nous pouvons en être totalement convaincu puisque ma preuve de l'insuffisance du corps, répétée sur ce blog des dizaines de milliers de fois, a fait ses preuves. Si je puis dire..

2. Ce contact ne peut pas ne concerner que l'être humain. Nous savons tous que les animaux sont capables d'émotions. En outre le contact entre un Dieu éternel et une matière âgée de près de quatorze milliards d'années ne peut pas dater d'hier... Forcément.

3. Il est donc totalement certain que ce contact entre Dieu et la matière vivante a commencé dès que les êtres vivants ont commencé à ressentir des qualia, même très primitifs. Cela est aussi certain que l'insuffisance du corps à produire des qualia.

4. On ne peut a priori pas savoir quelle a été la première espèce capable de ''ressentir''. Il n'est même pas sûr que cette capacité soit liée à l'apparition d'un système nerveux. Mais pourquoi fournir un peu de sa Substance divine à la limace, la méduse et pas aux plantes vertes et aux bactéries ? Ce ne serait pas logique, d'autant que tous ces êtres sont génétiquement assez étroitement liés... En fait.

5. Par conséquent, la probabilité que ce fameux contact entre Dieu et la matière vivante ait débuté dès l'apparition de la vie est tout de même assez forte. D'autant plus forte que les scientifiques ne sont toujours pas parvenus à recréer la vie à partir des molécules de base que sont les acides aminés, ce qui est logique puisqu'il leur manque la possibilité d'utiliser quelque lien métaphysique... Il y a encore bien des choses inexplicables dans le fonctionnement des espèces vivantes même aussi rudimentaires que les plantes vertes : c'est un indice fort en faveur de ma théorie.

Les implications de l'insuffisance du corps sont donc multiples... et majeures ! Pas étonnant que cette évidence logique soit autant combattue, malheureusement. Grâce à ma démonstration, nous pouvons être convaincus que Dieu est en relation continue avec la vie pratiquement depuis le début. C'est d'ailleurs ce que je disais en 2011, non pas à partir d'un raisonnement sur les qualia, mais en considérant la redoutable efficacité de l'algorithme génétique qu'est l'évolution de cette si merveilleuse vie : « Autrement dit, il n'est pas absurde d'envisager que Dieu, puisqu'il est partout, [...], s'amuse également à régler en temps réel les paramètres de l'algorithme génétique ''évolution de la vie'' ».

1697evolution-cycle.gif

Justement, parlons-en de cette évolution, parce qu'il y a des choses à dire : en effet, pratiquement chaque année, des chercheurs méritants nous apportent des éléments de compréhension vraiment intéressants. Prenons par exemple la thèse controversée de la fameuse paléoanthropologue Anne Dambricourt. Cette femme explique avec force arguments qu'il est bien possible que l'évolution de l'homme soit aussi fondée sur des processus génétiques contraints ; si l'environnement a un rôle, celui-ci ne serait pas suffisant. Autrement dit, selon elle, tout changement anatomique ne viendrait pas exclusivement des mutations hasardeuses du code génétique dues aux radiations par exemple, mais aussi d’une mémoire contenue dans le patrimoine héréditaire, laquelle stockerait des ''programmes d'évolution''. L'évolution de l'homme serait également le résultat d'une logique interne à son ADN.

Étonnant.

Comme vous pouvez le comprendre en regardant la vidéo suivante, il est au moins indéniable que le code génétique contient la mémoire de son évolution : comme si toutes les étapes avaient été enregistrés. À moins qu'elles aient été pré-enregistrés. Alors est-ce un enregistrement post-évolutif ou au contraire un enregistrement pré-évolutif et initiateur de l'évolution ?

De façon surprenante, la deuxième réponse semble être la bonne. En effet, le taux de mutations dues au hasard est grosso modo continue, il ne saurait en être autrement. Si donc ces mutations constituaient le seul moteur de l'évolution, celle-ci devrait être continue, c'est logique. Or Anne a remarqué que l'évolution n'était pas linéaire mais progressait au contraire par paliers - fait admis par la majorité des paléoanthropologues.

Comme si à un moment donné, celui du palier, quelque chose avait boosté l'algorithme génétique : et si ce n'est pas externe, c'est interne, donc dans l'ADN. Il y aurait ainsi une sorte de fonction qui, exécutée, provoquerait une forte accélération de l'évolution, de l'homme en l'occurrence. Mais exécuté par qui ou par quoi ? Là est toute la question... Plusieurs réponses sont possibles : d'abord il est envisageable de penser que lorsque l'environnement stresse une espèce, celle-ci réponde en accélérant son évolution. Pourquoi pas ? La vie s'est dotée de tant de moyens de défense, de tant de façons de s'adapter à l'environnement hostile, qu'il n'est absolument pas absurde de penser que celui-ci en fasse partie. D'autre part, il est aussi possible que l'ADN de l'espèce humaine possède en lui une sorte d'horloge interne capable d'intégrer de très grandes échelles de temps et de ''lancer'' des programmes d'accélération de l'évolution à des dates bien précises. Pourquoi pas ??

Je ne délire absolument pas : c'est bien ce que dit Anne Dambricourt, notamment dans cette vidéo. Si c'est vrai, et cela semble bien être vrai, alors on a là pratiquement une preuve irréfutable de l'existence d'un dessein intelligent. (Pour les dessins intelligents, voir ici). En effet, on aurait alors la confirmation que l'ADN, avec son exécutable l'ARN, est un programme de fabrication d'une espèce, l'homme, avec l'existence d'étapes dans la production, d'un planning et même.. de dates de livraison !! Pour Erectus 2.0, lancer l'exécution 950 000 ans après Habilis 3.1.... Incroyable.

Vu comme ça, on comprend que les prophéties s'accomplissent : 2520 ans après Daniel 1.0, lancer Apocalypse 2.1... Je vais sans doute un peu trop loin, mais il ne faudrait pas oublier à quel point la vie est quelque chose de prodigieux. Considérez simplement le fait que l'ADN est le procédé de stockage de l'information le plus efficace qui soit : un million de gigabits par centimètre cube, soit une densité inégalable. L'homme fait des millions de fois moins bien.

Dans ces conditions, il est normal que l'évolution de la vie soit le procédé le plus ingénieux qui soit. Cet algorithme génétique est si extraordinaire, souple, puissant, riche qu'on ne peut qu'être béat d'admiration devant ses capacités encore largement méconnues. Alors certes, la thèse Dambricourt n'est pas prouvée à 100%, mais, puisqu'il est certain que Dieu s'investit dans l'évolution via le lien métaphysique, alors nous devons admettre que sa véracité est très fortement probable. Je le disais il y a un mois : il est dans la nature de Dieu de s'acharner à enrichir sa création, pour la rendre la plus complexe, la plus élaborée, la plus belle possible. N'est-il alors pas normal et logique qu'il dégote les moyens de faire évoluer ses créatures ?

Avec l'évolution, l'ADN devient de plus en plus sophistiqué. Peut-on vraiment penser que seules les mutations hasardeuses soient à l'origine de toutes les innovations de cet incroyable code génétique ?? Quelques-unes de ces fameuses mutations ne pourraient-elles pas être initiées par une mystérieuse force présente partout et s'acharnant à trouver le moyen d'encore améliorer son œuvre ? Je ne pense pas que sans l'action de Dieu la vie irait naturellement vers le plus complexe. Faites tourner un algorithme génétique : celui-ci va certes apporter rapidement la solution optimale, mais il ne va pas se mettre à innover en rajoutant des chromosomes au programme que VOUS avez développé... Pas si on ne lui dit pas de le faire en tout cas. Et c'est ce qu'a ''fait'' Dieu : il s'est arrangé pour que des innovations soient possibles. Même si je ne sais pas comment, ce que nous apprend Dambricourt ne peut que nous convaincre de cela.

Cette évolution des êtres vivants a quelque chose de vraiment fascinant, tant et si bien que je ne me lasse pas d'en connaître les détails.D'ailleurs, puisqu'il s'agit a priori de l'œuvre presque ''direct'' de Dieu, c'est quasiment un devoir d'avoir ne serait-ce qu'une idée de ses principales étapes. Rien que pour se rendre compte à quel point des êtres comme le champignon, la limace, l'homme ou la fourmi sont génétiquement proches. Voilà pourquoi j'aimerais partager maintenant avec vous quelques-unes de ses caractéristiques.

Comme vous le savez, au fur et à mesure de l'évolution, les espèces se diversifient et donc s'éloignent génétiquement les unes des autres. Pour retrouver cette histoire, l'histoire de l'algorithme génétique de l'évolution de la vie sur Terre, il faut recourir à ce qu'on appelle la classification phylogénétique. Il s'agit d'un système de taxinomie dont l'objectif est de rendre compte des degrés de parenté, c'est à dire la distance génétique, entre les espèces et qui permet donc, comme je le disais, de comprendre leur histoire évolutive, ou phylogénie. Elle ne reconnaît pas certains groupes comme les reptiles ou les poissons, contrairement à la classification classique. En fait, pour elle, la première grande division évolutive partage les êtres vivants en trois grandes catégories : les bactéries, les archées et les eucaryotes.

Phylogenetics-french.jpg

 

Nous sommes des EUCARYOTES. Les eucaryotes sont soit des bicontes, c'est à dire des plantes, soit des unicontes. On va trouver parmi ces derniers les améobozaireset les ophistocontes, lesquels sont principalement les champignons et les métazoaires. Ces derniers sont constitués de plusieurs clades d'éponges ainsi que des eumétazoaires. Nous sommes déjà bien avancés dans le gigantesque arbre phylogénétique du vivant et les eumétazoaires sont bien plus cousins entre eux que ne le sont l'ensemble des bactéries entre elles. Mais que sont les eumétazoaires ?

On les divise en deux clades : les radiaires et les bilatériens. Ces derniers se caractérisent par une symétrie bilatérale, une bouche et un anus... Les radiaires quant à eux sont principalement les coraux, les anémones et les méduses. Maintenant vous DEVEZ retenir ceci : les bilatériens sont composés des protostomiens et des deutérostomiens. Il s'agit là d'une division importante dans la grande famille des êtres vivants !! Donc ne l'oubliez pas...

Les protostomiens sont constitués par les lophothrocozoaires, c'est à dire les vers et les mollusques - la pieuvre est un mollusque -, d'une part et les ecdysozoaires - nématodes, tardigrades et arthropodes - d'autre part : des animaux très familiers donc. Je rappelle que dans les arthropodes il y a les myriapodes et les pancrustacés, dont font partie les insectes. Les deutérostomiens sont quant à eux les échinodermes, à savoir les oursins et étoiles de mer, et les cordés, enfin... Cela signifie que l'araignée, le crabe ou la pieuvre ont plus d'ADN en commun avec nous les êtres humains qu'avec les anémones de mer ou les méduses. Que les champignons ont plus d'ADN en commun avec nous qu'avec les plantes vertes. Que les étoiles de mer ont plus d'ADN en commun avec nous qu'avec les pieuvres !! Si vous n'avez pas compris cela, vous n'avez rien compris à la classification phylogénétique... Ce qui, entre parenthèses, ne m'étonnerait pas vraiment.

Voilà. Intéressant, non ? Vous savez désormais où placer les plantes, les champignons, les éponges, les radiaires et les bilatériens. Et vous savez que ces bilatériens sont composés des protostomiens et des deutérostomiens. À apprendre par cœur pour rendre hommage à la fabuleuse ''ingéniosité'' de Dieu... Ou du programme qu'il a mis en place et que l'on appelle Nature, à vous de choisir. Évidemment, ensuite, les ramifications continuent, et il n'est pas simple de se souvenir de tous les clades qui divisent les cordés pour arriver jusqu'aux tétrapodes, notre famille proche en quelque sorte.

C'est pourtant ce qui est le plus intéressant pour les gens puisqu'on y trouve une classification plus précise qui enlève tout son sens aux mots ''poisson'' ou ''reptile'. Je n'en parlerai pas pour le moment, pour ne pas surcharger cet article beaucoup trop long. Commencez donc à assimiler les informations que je viens de vous apporter, ce sera largement suffisant pour briller en société... Ou trouver un truc à dire aux repas de famille. D'ailleurs, si votre beau-frère ne vous a pas encore signifié qu'il préférerait que vous vous taisiez pour de bon et qu'on ne l'avait pas mis au courant qu'il allait participer à un dîner de cons, vous pouvez toujours enchaîner en lui parlant de l'autre extrémité du grand arbre phylogénétique qui mène à homo sapiens et dont voici un petit schéma :

H-family1.png

Bon, cette fois-ci, je me tais. J'arrête... Je la ferme. Jusqu'à la semaine prochaine.

Partager cet article
Repost0

Hangover.

Publié le par Miteny

Épisode 13 de la saga dieuexiste.com... (L'épisode précédent est ici).

Mitney sentit qu'une lumière vive traversait sa paupière. Malgré la profondeur de son sommeil, il se rendit rapidement compte que toute sa tête était en plein soleil. Il ouvrit les yeux tout en les protégeant avec ses mains. Il avait vraiment la tête qui tournait. Puis, d'un geste machinal, il saisit son portable qui se trouvait toujours sur la table de nuit... 16 heures !! Aussi incroyable que cela puisse paraître, il était quatre heures de l'après-midi. Lorsque Mitney se mit en position assisse, il vit qu'Hélène dormait à côté d'elle, entièrement nue. Plongée dans son sommeil, elle vint malgré tout réclamer un câlin auprès de lui. Il ne se fit pas prier car il se rappela alors d'un résultat essentiel de la soirée d'hier. Il avait conquis le cœur de la belle lituanienne. En d'autres termes, il avait pécho la blonde.

Il ressentit une immense fierté. Lui, la quarantaine bien pesée, elle, vingt ans à peine. Une fille aussi jolie... C'était vraiment inespérée, improbable, extraordinaire. Le problème est qu'il ne se souvenait plus comment il avait bien pu séduire la jeune personne. Que s'était-il passé cette nuit ? Pourquoi était-il si tard ? Impossible de s'en rappeler. Mitney inspecta la chambre. Il y avait des vêtements éparpillés partout, quelques cannettes de bière sur le sol. Un de ses caleçons pendouillait, accroché au haut de la porte de la grande armoire. Il lui fallut du temps pour remarquer que les sous-vêtements d'Hélène traînaient lamentablement sur le rebord de la fenêtre : une honte.

« Bordel, que s'est-il passé ? » pensa-t-il tout haut. Puisqu'il avait mal au crâne, il songea à aller boire un café. Il se saisit du seul habit à peu près propre car pas en contact avec la bière répandue sur le sol, l'enfila puis ouvrit la porte du salon. Et là, ce fut l'horreur. Le sol était jonché de bouteilles d'alcool, de vomi, de vêtements sales, de strings et de trucs cramés... Une chaise finissait de se consumer tandis qu'une poule picorait nonchalamment des petits bouts de nourriture déjà digérés mais involontairement rendus par leur propriétaire... Dans le canapé, Rosnard, complètement nu avec juste une cravate autour de la tête, semblait plongé dans un coma profond. Il avait du mal à respirer car il avait sur lui un gros poilu qui l'enlaçait langoureusement.

Il alla chercher Glandon dans l'autre chambre, mais dans le grand lit, à la place de son ami, il y avait une grande et superbe fille noire entièrement nue, elle aussi décidément, sans doute d'origine éthiopienne, qui dormait profondément. Il chercha dans la salle de bains. Personne... Pas de Robert Glandon. Pendant un instant, il eut l'impression d'être l'un des héros du film Very bad trip et espéra que son collègue n'était pas coincé sur un quelconque toit de Jérusalem ou d'ailleurs. Il ne savait pas quoi faire. Le pire était qu'il ne se souvenait de rien. Peut-être avait-il absorbé du GHB, ce qui expliquerait ses amnésies. Il craignait que cela expliquât également le comportement docile et désinhibé d'Helena. Heureusement il y avait bien une cafetière et du café, alors, malgré le bordel, malgré le fouillis, malgré les odeurs, il entreprit d'en faire, notamment pour sa supposée dulcinée. Tel un homme idéal, il se mit à faire un peu de ménage, avec un balai, de la javel et une serpillière. Lorsque le café eut fini de couler, il s'enquit de trouver un plateau pour apporter un semblant de petit-déjeuner au lit à sa créature de rêve.

Arrivé près d'Hélène, il posa le plateau sur la table de nuit puis caressa le corps de la belle. Elle était si magnifique qu'il ne pouvait s'empêcher de la toucher. Elle se réveilla et s'assit dans le lit. Malgré l'immense trouble que provoquait chez lui la vision de la ravissante poitrine dénudée de la jeune blonde, Mitney réussit à parler.

« Hello Helena. How are you ? You had a good sleep ? I have coffee for you if you want.

- Thank you. I think that I've got the hangover. I have headache. It's strange, I don't remember exactly what I have done yesterday. And you ? »

Mitney prit la main d'Hélène.

« You know that I love you so much. Whatever you decide for us, I'll be there for you. Your life was not easy, but, you know, I'm here to help you. So... Do you remember what we've done together last night ?

- Yes.

- You agree with that ?

- Yes.

- Do you mean that... you... you love me ?

- Ta... Ye... Ye... Oui. »

Mitney eut honte de lui. Il avait l'impression de profiter de la détresse et du désarroi d'une orpheline en manque de sécurité affective. Néanmoins il se rassurait en se disant qu'il représentait pour elle une sorte de figure paternel, un roc sur lequel elle pouvait enfin s'appuyer pour construire une nouvelle vie : un petit roc, mais un roc quand même. Il voulait être là pour la réparer de toutes les violences qu'elle avait subi. Il l'embrassa, elle l'enlaça. Maintenant il savait que le GHB n'était pas la cause de leur amour. La vie lui parut tout à coup plus rose, le ciel plus bleu et le soleil plus chaud. Les murs souriaient, les oiseaux lui faisaient des clins d’œil. Maintenant il aimait Jérusalem, il adorait Jérusalem. Cette ville devenait pour lui le centre du monde, car il s'agissait de la ville que la grâce avait choisi pour lui offrir le plus beau des cadeaux qui soit : l'amour. Et quel amour ! Peut-être le grand amour de sa vie. En tout cas, il l'espérait fortement. Machinalement, il regarda son portable. Il ne l'avait pas remarqué auparavant, mais il y avait un message de Glandon : « Le gars qu'on a rencontré hier, Moshe, m'a convaincu. Rosnard a décidé de changer de sexe, moi, j'ai décidé de faire techouva. Si tu me cherches, je suis à la Yéchiva francophone de Jérusalem. J'étudie la Torah. Shalom. »

Mitney prit sa tête à deux mains. Mais que s'était-il donc passé hier, bordel ? En une nuit, tout avait basculé, tout avait changé. Comme si le temps avait tout d'un coup décidé d'accélérer très fort. Comme s'il avait fallu que chacun trouvât sa voie le plus vite possible avant une terrible catastrophe. Comme si chacun sentait que ça tournait mal et qu'il lui fallait faire un point sur le sens de sa vie. Les amoureux se rhabillèrent et décidèrent de sortir pour laisser Rosnard avec ses étranges amis. N'étant pas complètement égoïste, Mitney déposa tout de même un petit mot précisant : « Glandon s'est converti au judaïsme orthodoxe, je pars le raisonner. Fais le ménage et achète du pain. »

En fermant l'appartement qu'on venait de leur prêter, il eut le sentiment qu'il ne reviendrait plus jamais ici, qu'il ne verrait plus jamais son vieil ami. Il sut confusément qu'il allait se passer des choses et que sa vie avait définitivement basculé à Tel Aviv dans cette discothèque dont le nom lui échappait encore et dans laquelle apparemment il s'était passé bien des choses. D'ailleurs qui était cette fille qui avait échoué dans le lit de Glandon alors même que celui-ci était censé être entré dans les ordres ? Il trouvait cela louche mais n'osa pas poser la question à Hélène, par peur de l'agacer ou de la choquer. Dehors, le soleil inondait la ville sacrée de sa lumière, comme souvent. Même si cette journée était pour lui la plus belle des journées depuis plus d'une vingtaine d'années, il trouva les gens inquiets, anxieux, stressés. De toute évidence il se passait quelque chose. Il osa malgré tout interpeller un passant très pressé pour lui demander où se trouvait la Yéchiva francophone de Jérusalem. « Ramot, Ramot » lui répondit ce dernier sans arrêter sa course.

Ramot, une colonie israélienne... Mitney n'aimait pas les colonies. Il trouvait très choquant que des gens s'emparent par la force des terres de personnes dont l'unique tort était de vivre à un certain endroit. Il ne connaissait certes pas toutes les ficelles de cette épineuse affaire mais il savait au moins que cette confiscation de force choquait également beaucoup la communauté internationale. La Cisjordanie, une région du monde particulièrement étrange : avec ses poches palestiniennes et ses colonies israéliennes elle ressemblait à du roquefort un peu trop moisi... Malgré leurs légitimes appréhensions, Hélène et lui montèrent dans un bus pour ce quartier de Ramot. Ils s'assirent bien évidemment l'un à côté de l'autre, ce qui est interdit dans ces coins d'orthodoxie. Le français prit la main de la jeune lituanienne, qui n'était pas très rassurée.

« Helena, I want to learn lithuanian. If you want, I will bring you back in your country. I agree to live there. 

- I don't want to stay here. I don't like this place.

- Wonderfull ! We will leave together as soon as possible. I've got some money to build a new life. »

Les tourtereaux s'embrassèrent malgré les regards de plus en plus désapprobateurs des religieux qui étaient avec eux dans le bus. Après ce baiser langoureux, la jeune femme posa la tête sur l'épaule de l'homme mûr, et ferma les yeux. Elle n'était pas encore complètement reposée de sa nuit de folie. En regardant les traits fins et harmonieux de sa jeune et très belle conquête, Mitney eut furtivement le sentiment que quelque chose clochait. Peut-être s'inquiétait-il pour rien, mais il y avait bien des choses louches dans cette histoire. D'abord pourquoi ne se souvenait-il pas de sa nuit ? Même une forte dose d'alcool ne provoque pas une telle amnésie. Pourquoi Helena ne semblait pas plus affectée que ça ? Était-ce elle qui l'avait drogué ? Mais dans quel but ? Qu'elle en veuille à son corps était d'une absurdité sans nom. Or lui ne possédait rien, n'était rien. Mais alors pourquoi ? Pourquoi ? Et puis, pourquoi venir en Israël ? Quitte à être réfugié, autant l'être aux États-Unis. Pourquoi Robert Glandon n'avait pas plus insisté pour retourner dans son pays ? Et puis, qui était vraiment ce type ? Un espion, un agent du Mossad ? C'était peut-être lui qui l'avait drogué ?

Apparemment il n'était pas chrétien puisqu'on ne peut pas faire techouva si on n'est pas juif. Vraiment, il y avait de quoi se méfier. D'ailleurs, il aurait du le faire dès le début : un américain avec l'accent marseillais, c'est vraiment plus que louche. Mais, comme on dit dans le métier de l'embrouille politique ou religieuse, plus c'est gros, plus ça marche. Bizarrement, sous l'effet du stress de la nouveauté, les scénarios les plus abracadabrantesques se bousculaient maintenant dans la tête de Mitney : peut-être qu'Helena et Robert étaient de mèche, voire déjà en couple ?? Peut-être qu'ils étaient tous les deux juifs et que leur mission était de l'amener dans un piège ? Et si la DGSE qui les avait pratiquement kidnappés en pleine campagne normande était une fausse DGSE ? Cela impliquerait de faux gendarmes, un faux Iznogoud, un faux château, voire éventuellement un faux zoo avec de faux lions... Et si le monde n'était pas un vrai monde ?!!

Mitney ne savait plus quoi penser, il était en pleine crise de paranoïa. Pendant quelques instants, seul Rosnard paraissait vraiment innocent à ses yeux, sans doute parce qu'il le connaissait depuis longtemps et qu'il savait qu'il ne s'intéressait à aucune religion. Mais alors peut-être avait-on voulu l'éloigner de lui en le mettant dans les bras d'un gros poilu ? Mitney regretta tout à coup d'être parti si précipitamment. Il eut soudain le désagréable sentiment qu'il était en train de faire une grosse connerie. Puis une effluve du parfum d'Hélène parvint à ses narines. Et il oublia tout...

La suite le mois prochain, comme d'habitude. Une petite vidéo, pour illustrer.

 

 

 

Publié dans Le roman de DANIEL

Partager cet article
Repost0